Dwa : « J’ai tout plaqué pour l’illustration »
En 2019, grâce à son livre « Back to Al Bak », l’illustrateur Dwa a reçu le Prix Vanille du meilleur dessinateur. Un prix qui représente, pour lui, un accomplissement et la reconnaissance de seize années de carrière faites d’obstacles, de rencontres mais surtout d’expériences enrichissantes.
Seize ans de carrière, ce n’est pas rien. On peut dire que Dwa, de son vrai nom Éric Andriantsialonina, fait office de vétéran dans l’univers de l’illustration à Madagascar. En seize ans, il a connu des victoires mais s’est également pris de « nombreuses claques », comme il aime à le dire.
Pour lui, la consécration est arrivée sous la forme du Prix Vanille du meilleur dessinateur qu’il a reçu en 2019, grâce à son livre Back to Al Bak, sorti fin 2018. « Quand j’ai gagné le Prix Vanille, je me suis dit que toutes les heures passées à dessiner dans des carnets avaient payé. Pour le moment, c’est le plus grand accomplissement de ma carrière. »
À travers cet album autobiographique aux airs de carnet de voyage, qui fait également partie des 200 livres référencés par The White Ravens 2019 et qui a été nominé pour le Prix de l’écriture Michel Renaud au Festival du carnet de voyage de Clermont Ferrand en 2018, Dwa se dévoile et nous emmène à la découverte de son village natal à Alatsinainy Bakaro (Al Bak). « C’est un livre très personnel. Ce n’était pas facile de me livrer car j’y montre certains moments intimes de mon enfance à Al Bak », confie-t-il.
Après avoir quitté Al Bak à l’âge de 8 ans, Dwa a parcouru un long chemin jalonné d’obstacles et de doutes qui l’ont aidé à devenir l’auteur, l’illustrateur et l’Urban Sketcher (communauté mondiale de dessinateurs qui valorisent la pratique du dessin d’après l’observation directe de la vie quotidienne – NDLR) de talent qu’il est aujourd’hui. Bien que passionné par le monde de la bédé et des « comics », il est d’abord rentré dans le rang en suivant des études d’économie. « Tout le monde dessine quand il est petit. Pour ma part, même en grandissant, je n’ai pas arrêté. Je dessinais au collège, au lycée, à l’université. »
Peu de temps après ses études, il décide de sortir en 2004 sa première bédé : Pion 1. « Ce livre m’a permis d’aller à un festival international de bédé à la Réunion en 2005. C’était une grosse claque car j’avais des dessinateurs talentueux face à moi. » Au lieu de se laisser abattre, Dwa, qui a tout appris sur le tas, est encore plus motivé pour perfectionner son art. « Faire de la bédé pour moi, c’était une évidence. Ce qu’il fallait, c’était le courage de se lancer. » Et il lui a fallu du temps avant de trouver ce courage !
C’est lors d’une mission dans le Sud de Mada, qu’il s’est rendu compte qu’il voulait se consacrer entièrement à l’illustration. « Je travaillais pour le ministère des Finances. Nous visitions une prison dans le Sud et une scène avec des enfants m’a interpellé. Le soir au lieu de rédiger mon rapport, j’ai écrit une histoire sur ce que j’avais vu. » Il en a ensuite fait un livre, qui lui a permis d’obtenir un prix à un concours ouvert aux auteurs africains en Italie en 2010.
Il décide alors de tout plaquer pour l’illustration. « J’ai eu deux options dans la vie : travailler pour mettre à profit les diplômes pour lesquels j’avais étudié pendant sept ans ou devenir dessinateur. Et c’est la deuxième voie que j’ai choisie. D’où mon pseudo Dwa, qui veut dire deux en russe. »
L’avenir s’annonce brillant pour Dwa. Il termine actuellement l’écriture du livre Dictature à Brickaville sur lequel il travaille avec l’illustrateur Pov, émigré à Maurice, avec qui il a déjà sorti les ouvrages Mégacomplots à Tananarive, Coût d’État à Tamatave et Lundi Noir sur l’île Rouge. Il planche en parallèle sur son livre Un Gasy à Paris, présenté comme une suite de Back to Al Bak. Il est également pressenti pour adapter le roman Grand Frère de Mahir Guven en BD.
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