Donnant, donnant !
30 novembre 2017 - Fanahy gasyNo Comment   //   1649 Views   //   N°: 94

« Atero ka alao » peut se traduire par « Amène quelque chose et reprends ». Brève sentence qui préconise le « donnant, donnant » comme base d’équilibre entre les hommes. Ce « fihavanana » si cher aux « Ntaolo » (Anciens), aujourd’hui en perte de vitesse.

Dans le contexte malgache, l’atero ka alao est cette tradition qui consiste à offrir une certaine somme d’argent selon la circonstance : en signe de réjouissance pour un anniversaire ou un mariage mais aussi d’affliction à la mort d’un proche. Le montant de la somme est enregistré dans un cahier tenu par la famille qui reçoit le don, à charge pour elle de rendre la pareille quand l’occasion se présentera. Et évidemment, celui qui s’est montré chiche et mesquin dans le don recevra l’équivalent en retour.

On peut considérer cela comme une sorte de potlatch, mais aussi comme l’expression d’une philosophie profonde propre à l’esprit malgache : donner et recevoir font en effet partie de la même dualité, comme le jour appelle la nuit, comme le chaud appelle le froid, le haut le bas, et vice-versa. Même la nature de l’amour est basée sur ce principe fondamental : donner pour recevoir. La vie elle-même fonctionne ainsi : inspirer et expirer… retirez un terme et c’est tout simplement la mort. Sans doute y a-t-il des cas où l’on donne sans rien attendre en retour, sauf le plaisir ou la joie d’avoir donné. Mais ces cas d’altruisme sont extrêmement rares, car c’est bien la conception du donnant, donnant qui domine en général les rapports sociaux.

Mais au donnant, donnant équilibré des Ntaolo (je donne pour recevoir dans les mêmes proportions) se greffe de plus en plus cette funeste logique : donner le moins pour recevoir le plus. Ce donnant, donnant « déséquilibré » a un nom : l’égoïsme, destructeur du contrat social et du fihavanana. Regardons ce qui se passe aujourd’hui dans le pays, c’est à qui entubera l’autre le premier, en aura le plus à bouffer et en fera le moins au boulot. Alors que le travail créateur de richesse (de PIB comme on dit aujourd’hui) devrait être le devoir de chacun au service du bien public : je donne de mon travail à la société pour recevoir l’équivalent en progrès social (rues propres, bus qui arrivent à l’heure, assurance maladie, retraite, etc.) Mais où est le progrès à cette heure ? Une enveloppe vide, lui aussi !

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