Don Juan
15 juin 2020 - GaysyNo Comment   //   1138 Views   //   N°: 123-125

« J’ai un homme à te présenter. Il correspond à ton goût. Trouve-toi une occasion de venir à Antsirabe », me formule dans un texto Camille, ma meilleure amie. Je l’ai appelée de suite pour avoir plus de détails. Sa description repose sur le fait qu’elle connaît parfaitement mon genre d’homme. « J’ai pu apprendre que ce type recherche une relation sérieuse comme toi lors d’un dîner dans un restaurant. Il était avec son meilleur ami sur une table avoisinant la nôtre. Et son meilleur ami tient un café », précise-t-elle.

Dans ce quartier de Tsarasaotra, le patron du café, très avenant, nous accueille Camille et moi. On est visiblement ses premiers clients. Sur le comptoir en sirotant son cocktail, Camille me livre les derniers potins. Le goût amer du café m’aide à me concentrer sur son récit. J’essaie de deviner la surprise à laquelle je dois m’attendre.

À quoi ressemble cet inconnu qu’elle tient à me présenter et à quelle heure pointera-t-il son nez dans ce café ? Derrière le comptoir, le patron discute sans arrêt au téléphone et tourne de temps en temps son regard sur moi. Ce qui me laisse penser que c’est peut-être lui l’homme en question ! Connaissant Camille, c’est de l’ordre du possible. Sentant mon impatience, elle me rassure que celui qu’on attend va arriver, même si elle ignore quand. « Pourquoi ne pas dire au patron, qui est son meilleur ami selon toi, qu’on est là ? », lui suggéré-je. « Comme ça, j’aurai l’air d’une entremetteuse, et toi d’un mec en mal de relations ? », me rétorque-t-elle en renouvelant notre commande.

L’établissement commence à se remplir petit à petit. Et à chaque fois qu’un homme seul franchit l’entrée, je me fais des idées. Au bout de deux heures, rien ne se passe. Heureusement que la musique d’ambiance arrive à me faire penser à autre chose. Camille rencontre ses copines. Elle se laisse emporter par cette atmosphère du vendredi soir. Finalement, il me semble qu’elle a complètement oublié le but de notre présence dans ce café. Je sors pour fumer une cigarette dehors, profitant de ce moment pour me connecter sur Facebook dans le but de trouver un autre plan durant mon bref séjour dans la ville d’Eaux. À mon retour, ma place est occupée par un nouveau venu qui discute avec une des copines de Camille. L’équipe derrière le comptoir s’étoffe pour assurer le service en cette heure d’afterwork.

« Vous, vous n’êtes pas du coin. Qu’est ce que je peux vous servir ? », me demande un des barmen. « Je ne sais pas trop quoi prendre pour me réchauffer un peu », lui répliqué-je. « Faites-moi confiance, je vais vous préparer un cocktail à votre image », me lance-t-il avec un radieux sourire et un petit clin d’œil. En un tour de main, il me sert un verre d’une boisson réalisée avec soin. « Comment s’appelle ton cocktail ? », lui demandé-je. « Don Juan », me chuchote-t-il, comme s’il s’agissait d’un secret.

Pendant qu’il s’occupe d’un autre client, je me demande de quoi ce délicieux cocktail est fait, car il ne figure pas sur la carte de l’établissement. « C’est un nouveau produit que nous allons proposer dans notre nouvelle carte. Vous êtes le premier client à qui je le fais goûter. Vous en pensez quoi ? », m’explique-t-il en revenant vers moi. « Personnellement, j’aime bien le goût. Mais ce nom ne colle pas à ma personnalité », lancé-je pour le taquiner. « Aidez-moi à lui trou- ver un nom alors. Je viens d’arriver pour aider mon beau-frère dans ce café. Il m’a appelé à votre arrivée ici en me disant que je devais vous impressionner avec ma spécialité. Il va me virer si jamais je n’y arrive pas. » Son humour m’emballe. Son approche me séduit. C’est donc lui que Camille voulait me présenter.

« Justement le voilà qui s’amène », me surprend-il, lorsqu’un bel homme fait son apparition dans le café. Camille me fait signe que l’inconnu tant attendu est arrivé. Son allure et son style le rendent irrésistible. C’est plutôt lui le Don Juan de cette histoire. « Tu dois faire attention de ne pas avoir le cœur en miettes », me dicte ma pensée. Il me semble que quelques personnes se sont impliquées pour qu’on se rencontre.

À SUIVRE

par #Von

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