Djinah : Un air de Lollobrigida
1 septembre 2015 - Cultures MusiquesNo Comment   //   2390 Views   //   N°: 68

Une fois de plus, le Sud nous en met plein les oreilles et plein les yeux. La nouvelle bombe « mafana » s’appelle Djinah et comme Lollobrigida sait y mettre les formes ! Son tsapikydécalé est au moins aussi vertigineux que son coup de rein. Qu’elle a souverain, cela va de soi. 

Son nom peut vous sembler nouveau, mais son visage et sa voix vous sont déjà familiers. Car Djinah – Frangine Manamisoa Mahasambotse de son vrai nom – est sans aucun doute la bomba be du moment qui est en train d’affoler les dancefloors, les télés et les radios. Et ce n’est pas rien de le dire ! Des titres comme Mot de passe ou Mandiny anao (Réfléchis bien) passent en boucle et provoquent un peu partout, nous dit-on, de violentes poussées de testostérone chez les auditeurs mâles normalement constitués.

Lors de ses cabarets, à Tana comme ailleurs, elle enflamme la scène, fait fondre les glaçons dans les verres tellement son tsapiky-décalé souffle un vent du Sud comme jamais enregistré jusqu’ici ! « Le tsapiky se mélange bien avec le coupé-décalé, version zouk ou kuduro, des ambianceurs africains. C’est la même famille, ça bouge dans tous les sens et c’est tout ce que j’aime », confie la mignonne qui se dit influencée par des artistes du calibre de Tirike ou de feue Rasoa Kininike.

A bien considérer ses vocalises, son impressionnante chorégraphie fessière et ses jeux de gambettes plus que maîtrisés, on comprend que Djinah (un faux air de Lollobrigida dans le registre bombe anatomique) n’est pas une débutante. Les aficionados du chaud-bouillant (mozika mafana) auront bien sûr reconnu celle qui fut la chanteuse du groupe Fidy de l’Anosy, un des pionniers du mangaliba, la musique typique de Fort-Dauphin. « J’avais envie de faire partager autre chose que le mangaliba, c’est ce qui m’a incitée à voler de mes propres ailes. » On la retouve avec le célèbre Babaique, son premier auteur-compositeur qui lui écrit l’album Amenareo lala gea (Laissemoi partir), sorti en 2009. Un opus qui malheureusement ne trouvera pas son public, car la crise politique a éclaté entre-temps, les esprits sont occupés ailleurs. Pas de chance. Une conjoncture qui l’obligera même à appuyer sur la pédale de frein de 2010 à 2014.

Ulcérée, la mignonne se devait bien une revanche « Je n’ai pas digéré ces quatre années de standby, je veux rattraper le temps perdu », lance-t-elle le regard très décidé. Danseuse et ex-mannequin (ceci expliquant cela), cette artiste diplômée en Commerce international (pas qu’un physique donc) a tous les atouts pour s’imposer, sans s’interdire de se faire un nom à l’étranger « D’Gary, Théo Rakotovao ou Teta, des artistes du Sud comme moi, cartonnent à l’étranger. Notre musique a beaucoup à apporter à la word music. Du vrai mafana mariné à de la bonne mélodie, voilà ce que moi je peux apporter », souligne la chanteuse qui jure que sa musique n’est « pas seulement à danser, mais aussi à écouter ».

Elle prévoit de sortir son deuxième en décembre. Pressée la belle ? Sans doute, mais comme le citron du Sud, terriblement rafraîchissante ! 

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