Des pierres qui valent de l’or
28 août 2013 - DécoNo Comment   //   4597 Views   //   N°: 43

Après avoir travaillé comme serveur, Emile Rakotoarimanana a choisi de troquer son tablier contre des tas de pierres. Minéraux précieux, semi-précieux ou d’ornementation, rien de ce qui concerne l’univers des gemmes ne lui est étranger Depuis près de vingt ans, c’est même sa principale activité. 

Emile Rakotoarimanana, la cinquantaine, fait partie de la trentaine de vendeurs de pierres qui louent un stand dans l’enceinte du Cercle Mess Antsirabe. Il y passe habituellement toutes ses journées attendant que ses pierres taillées ou de collection trouvent preneurs. Quand son stock est épuisé, il se prend deux grands jours de congé pour aller sur le terrain dénicher d’autres trouvailles. « J’achète les pierres à l’état brut, en gros ou en détail, directement dans les carrières à ciel ouvert du Vakinankaratra ou dans le sud de l’île. » Les prix varient de 3 000 à 15 000 ariary, mais évidemment beaucoup plus s’il s’agit d’une pierre semi-précieuse, voire précieuse. En bijouterie, seuls le diamant, le rubis, l’émeraude et le saphir ont droit au titre de pierres précieuses ; infiniment rares dans le sous-sol, ils se monnayent  

par dizaines de millions d’ariary. Rien à voir avec les améthystes ou le cristal de roche (quartz incolore) qu’Emile propose pour trois fois rien à ses clients !

« La pierre la plus chère que j’ai vendue était une tourmaline non traitée de 1,5 carat estimé à 5 millions d’ariary », confie-t-il. Un métier suffisamment rémunérateur puisqu’il lui permet d’engranger jusqu’à 400 000 ariary de bénéfice par mois. Quand il a mis la main sur une belle pierre brute de qualité gemme, c’est-à-dire taillable, il court chez le lapidaire. Certaines sont chauffées au four pour leur donner plus d’éclat ou carrément changer leur couleur. C’est ainsi que certains corindons jaunes, sans grande valeur, peuvent être chauffés pour devenirs bleus, devenant ainsi d’authentiques saphirs ! Un procédé parfaitement légal, aussi naturel que la chaleur du feu. Un coup de pouce à la nature en quelque sorte. « Cependant j’ai le devoir d’informer l’acheteur si une pierre a été chauffée ou non », précise Emile. Il est clair qu’une pierre « non chauffée » va coûter plus cher sur le marché du fait qu’elle a gardé son état naturel. 

Les pierres teintées, au contraire, relèvent de la pure arnaque, s’agissant de colorer artificiellement une pierre pour abuser l’acheteur. Un quarz teint en vert pourra par exemple se faire passer pour une émeraude auprès des gogos. « Quelques indélicats utilisent ce procédé pour arnaquer délibérément les acheteurs. Certains utilisent même le crayon feutre pour maquiller la pierre… » 

Le truc du pro : « Pour reconnaître une pierre non traitée, il suffit de la maintenir cinq minutes dans la paume de la main, puis de l’appuyer sur la joue. Normalement, elle doit rester froide au contact de la peau. » Mais le moyen le plus sûr pour ne pas se faire avoir est encore d’acheter les pierres auprès de spécialistes ayant obtenu l’agrément de l’Etat et du Service des Mines.

Henintsoa Mampionona

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