Damien : Un sacré coup de pinceau
16 août 2017 - MétiersNo Comment   //   2306 Views   //   N°: 91

Un peu partout dans la capitale et sa périphérie, on voit des enseignes publicitaires avec une petite signature « Damien », en bas à droite. Ce sont là les œuvres d’un artisan peintre dont la réputation est aujourd’hui bien établie. Et sans faire de pub !

Au mois de juillet, on l’a vu perché sur une échelle dans une rue d’Ambohibao, en train de dessiner une fresque et des textes publicitaires sur le mur d’une boutique. Ce quinquagénaire de petite corpulence, c’est Damien, et c’est sa signature qu’on trouve sur la plupart des panneaux publicitaires de la commune d’Ambohibao. « Je travaille aussi beaucoup dans le grand Tana et jusque dans l’Itasy », s’empresse-t-il d’ajouter. Des boutiques de quartier aux grandes entreprises en passant par les écoles privées, les salons de beauté et même les bureaux publics, Damien est d’abord connu pour son coup de pinceau capable de redonner vie à une façade ou une enseigne.

« Si on m’apprécie, c’est qu’en plus de la qualité du travail et le respect des délais, je propose des tarifs très abordable par rapport à la concurrence », fait valoir Damien. Une notoriété acquise en vingt ans seulement, ayant commencé le métier assez tard, alors même qu’il n’a jamais été très bon en peinture ou en dessin à l’école. « C’est la vie qui m’a emmené à prendre les pinceaux et faire de la peinture mon gagne-pain. Disons que je suis tombé dedans par hasard », s’amuse-t-il.

Pour la petite histoire, c’est un vazaha qui cherchait un artisan pour faire l’enseigne de sa société de pêche qui a fait appel à ses services. « Il m’a demandé de lui rendre service, en me disant qu’il ne voulait pas un chef-d’œuvre mais juste des inscriptions. Mais le travail final lui a vraiment plu et pour moi, c’était un signe », se souvient le père de famille, à l’époque au chômage.

Depuis, il en a fait son métier. « J’ai par la suite beaucoup travaillé pour exceller dans ce métier. Même si je ne comprends pas grand-chose au français et encore moins à l’anglais, je me suis mis à l’informatique pour ne pas être dépassé », explique avec fierté. Utilisant la technique de pochoir, il prépare les maquettes des papiers à évider et à découper sur son ordinateur. Il se fie aux petites icônes affichées sur son écran. Doté d’une excellente mémoire visuelle, il connaît par cœur les polices installées par défaut sur les ordinateurs. Il connaît le nom et peut dessiner à main levée toutes les lettes de l’alphabet dans tous les styles de polices.

Contrairement à la plupart des artisans malgaches qui cumulent les emplois afin d’arrondir leurs fins de mois, Damien n’a pas d’autre source de revenu que sa peinture, aidé cependant par sa femme et ses enfants. « Mes deux garçons savent maintenant découper les papiers et appliquent les peintures sur les formes évidés. Ma femme quant à elle, elle prépare et compose les peintures. Nous sommes une véritable entreprise à nous tous seuls. » Et ce ne sont pas les commandes qui manquent. Il lui arrive même quelquefois d’avoir du mal à suivre.

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