Cours, Clarisse, cours !
5 juin 2012 - LoisirsNo Comment   //   1148 Views   //   N°: 29

Trente secondes lui ont manqué pour gagner le ticket d’entrée aux Jeux Olympiques de Londres. À 41 ans, Clarisse Rasoarizay n’en est pas moins une légende vivante de l’athlétisme malgache. Depuis 20 ans, pas une épreuve des 5 000 m, des 10 000 m ou du marathon qu’elle n’ait dominée de sa foulée hors du commun. 

À 41 ans, elle rêvait de terminer sa carrière par un baroud d’honneur aux Jeux Olympiques de Londres, après avoir déjà représenté Madagascar à Athènes en 2004. Pour obtenir le ticket, il lui fallait obtenir les minima requis lors des 42 km du Marathon de Paris organisé le 15 avril dernier. Le chronomètre en a décidé autrement : 2h43’45 »… la qualification lui échappe de 30 secondes.

Le moral en a pris un coup, mais la championne de Madagascar reste fair-play, exprimant sa fierté d’avoir pu s’aligner avec la Britannique et multichampionne du monde Radcliffe Paula. « C’est un honneur de courir avec de telles personnalités », lance Clarisse dont le « pedigree » n’a pourtant rien à envier aux plus grands. Qu’on en juge. En août dernier, elle revient des Jeux des Îles des Seychelles avec trois médailles coup sur coup, celles des 5 000 m, des 10 000 m et du marathon. Un triplé qu’aucune star de l’athlétisme mondial n’a jamais réalisé en course de fond !

Après vingt ans de carrière, celle qui rêve encore de s’étonner ne baisse pas les bras. « J’ai encore toutes mes forces, je ne m’avoue pas facilement vaincue. » De fait, elle a encore gagné deux minutes cette année aux 42 km, par rapport à 2011. Preuve que la machine n’est pas grippée. Sur les murs de sa salle de séjour de Tanjombato, toutes les médailles raflées depuis le collège : Jeux africains, Championnat du monde du marathon, Jeux des Îles de l’océan Indien, où elle décroche l’or en 2011. « La réalité est que je ne peux pas prendre ma retraite du jour au lendemain, ça risquerait de me tuer. Je vais m’arrêter petit à petit », explique-t-elle. À l’image de bien des athlètes locaux, Clarisse affole les chronomètres sans bénéficier d’un régime particulier : « Tous ces aliments énergétiques sont hors de prix pour moi », relève-t-elle, regrettant que les aides de l’État et du ministère de tutelle arrivent toujours « un peu trop tard » par rapport au calendrier sportif.

La foulée, ça se travaille. Pour entretenir la sienne, Clarisse fait 180 km d’entraînement par semaine, dont une heure tous les matins juste avant de prendre son travail comme opératrice au bureau de poste de Tsaralalana. Pour l’accompagner – car il faut tenir le rythme ! – son mari, le marathonien Razahasoa Andriamiadana. Ensemble, ils ont eu deux enfants, âgés de 3 et 13 ans, à ce jour leurs plus fervents supporters. La relève, elle y songe et se dit même prête à la coacher, à l’heure où le marathon malgache féminin voit apparaître ses nouvelles étoiles montantes, à l’instar de Marinah Andriamanantenasoa ou Ninah Andrianambinina.

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]