Chacun pour soi, noël pour tous !
12 décembre 2014 - Cultures FombaNo Comment   //   2212 Views   //   N°: 59

Dans un monde où l’on ne se fait plus de cadeaux, noël et la saintsylvestre arrivent pour apporter une bouffe d’air frais. ils réconcilient les hommes avec les valeurs de solidarité et surtout le culte de la… dépense.

Les sentiments d’amour ou d’amitié se conjuguent fort bienavec les cadeaux, qu’ils soient petits ou grands. Les petits cadeaux entretiennent l’amitié. C’est très malgache, sauf que dans l’axiome, cadeau veut dire morceau de viande.
C’est aussi dans l’air du temps. La viande n’est plus à la portée du citoyen lambda qui d’ailleurs, commence à en oublier le goût.
L’offrir transforme le moindre morceau en cadeau de prix.
La sagesse des nations reste toujours aussi valable et tous les ans, en fi d’année, le tohubohu des rues, des trottoirs et des magasins affime sa pérennité.
Et les embouteillages monstres confiment les déviances.

Là, il n’est plus question de la joyeuse convivialité de commensaux qui sacrifint à Dame Société de Consommation, ni de la complicité rigolarde de larrons en foire, mais d’une mêlée générale rythmée par des klaxons exaspérés et des noms d’oiseaux déclinés sur tous les tons et dans toutes les langues.

Chaque année, le même phénomène se répète, avec un paroxysme atteint la veille du jour J, le 24 décembre.
Alors, à partir de novembre, tout le monde semble s’être donné le mot. Tous dans la rue ! Tous dans les magasins ! Tous dehors ! Parce que tous sont dehors.
C’est l’instinct grégaire dans toute sa splendeur. En temps normal, il suffi qu’un farceur lève le nez et toute la rue regarde en l’air, qu’un autre scrute le trottoir pour que les passants s’arrêtent et s’agglutinent pour regarder.
Après un an à se serrer la ceinture et tirer le diable par la queue, les fêtes de fi d’année sonnent la période de décompression, près d’un mois d’avant-première vouée à la culture du débridé et au culte de la Déesse Dépense.
La prodigalité ne constitue pas un défaut si elle est tournée vers les autres. Autrement, c’est jeter de l’argent par les fenêtres, symptôme sans appel d’une folie déclarée.
On ne laisse pas des billets de banque se faire emporter par les courants d’air depuis une fenêtre grand ouverte. On ne dépense jamais bien que pour les autres.
Et en plus, cela fait tourner le commerce.

L’amour d’autrui fait marcher les affaires.
Quand Noël marche, tout marche, parodierait l’autre.
Noël n’est pas simplement le Père Noël, les beaux sapins et la joie des enfants, il est aussi le plaisir d’offrir.
Il s’agit de toute une philosophie de vie.
Dans un monde devenu celui de l’égoïsme du tout pour moi, le Moi fait souvent oublier l’Autre, l’ami inséparable du Nous.
Au moins pour une petite période, les fêtes de fi d’année offrent l’opportunité de vivre dans les vérités premières.
Ce qu’on dépense pour soi se limite à la capacité de notre ventre, mais pour les autres, il est sans limites… comme l’amour.

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