B. Sarouk : Pas la grosse tête
8 mars 2012 - CulturesNo Comment   //   1380 Views   //   N°: 26

Avec un premier album entièrement dédié au basesa, B. Sarouk (phonétiquement, grand chapeau), entend remettre au goût du jour cette musique à danser typiquement tamatavienne qui était quelque peu tombée en désuétude. Pour l’initiative, chapeau l’artiste ! 

Se faire un nom quand on est un jeune groupe, qui plus est en plein lancement d’un premier album, est le lot commun de nombreux artistes locaux. Auteur, compositeur, interprète B. Sarouk (phonétiquement grosse tête) n’échappe pas à la règle. Et s’il a choisi d’appeler Mitady Vola (Chercher l’argent) sa première galette, ce n’est pas tout à fait un hasard. « Il me manque un manager producteur qui croit à notre travail », lance-t-il. Et de dénoncer tout à la fois « un manque évident de lieux de dépôts d’albums de soutien des médias et d’appui des radios ». Le système du disque est ainsi à Madagascar,

il faut s’adapter et continuer d’y croire. « Notre travail ressemble à une pirogue sans rame et sans voile », résume-il laconiquement… mais avec le sourire.

Comme d’autres, B. Sarouk a commencé à jouer très jeune, puis s’est naturellement mis à la composition. Comme ses frères musiciens, il a eu l’opportunité de croiser ou même de côtoyer à un moment donné de son parcours, quelques grands noms de la musique malgache : Mika Davis, Rajery, entre autres. Des stars qui repèrent et épaulent les nouveaux arrivés, les invitent sur scène pour leur première partie (Rajery, Mahaleo) ou parrainent carrément leur travail (comme Dr Raoul avec B. Sarouk au Studio Tamatave), certains allant même jusqu’à participer directement aux arrangements en studio.

Infirmier à l’Hôpital Be de Tamatave, B. Sarouk jongle entre la création musicale et les répétitions durant ses congés. Son étiquette musicale ? Identifiable à la première écoute pour n’importe quel Malgache. C’est le basesa, omniprésent dans les neufs titres de ce premier opus. Ce style typique de Tamatave, tombé quelque peu en désuétude, est bel et bien remis au goût du jour en 2012 par B. Sarouk ! Il y ajoute, avec ses six musiciens la touche moderne et subtile qui vivifie le patrimoine de ce rythme tropical.

Avec l’appui généreux du regretté Raoul de Mahaleo et le soutien fidèle de l’Alliance française de Tamatave, sort enfin Mitady Vola. Album prometteur aux neuf titres bien léchés, textes de société à l’appui. Si « Gogo » est une manière pudique et comique de parler de la prostitution, « Zah » est un blues tamatavien à la sauce Sarouk sur le thème des enfants du divorce, tandis que « Viavy Lambahoany » et « Sao’nao » font sonner basesa et toka toka (rap malgache).

« Betsimisaraka », joué live avec Mafonjah d’Antsirabe, montre une autre facette de l’artiste, également très à l’aise sur scène. Enfin, « Mitady Vola », le premier titre de l’album, qui résume un peu la situation des artistes et du peuple malgache… Les vola ne font pas le bonheur mais y contribuent. Et qui sait, un jeune producteur tombera peut-être sous le charme du jeune chanteur tamatavien et débloquera généreusement la situation ?

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]