Aski : Une vie pour le judo
13 avril 2015 - LoisirsNo Comment   //   3930 Views   //   N°: 63

Parcours peu commun que celui de cet enfant pauvre de Toliara qui a trouvé sa voie grâce au judo. Et qui n’a eu de cesse, toute sa vie, de rendre aux plus déshérités tout ce que le « noble art » lui a apporté.

Issu d’une famille du Sud, Ashik Houssen Mamodaly dit Aski est le cinquième d’une fratrie de sept enfants. A 12 ans, il perd son père et doit déjà apprendre à se battre face à l’adversité. Le plus loyalement possible, car il est déjà imprégné – depuis l’âge de 10 ans – de l’esprit du judo, littéralement la « voie de la souplesse » ou la capacité de s’adapter aux situations les plus difficiles. « Comme tous les arts martiaux, le judo est à la fois un sport de combat et un principe de vie. Il obéit à un code d’honneur très précis, inspiré du bushido (le code des samouraïs). Si le judoka combat, ce n’est pas pour dominer l’autre, mais pour neutraliser son agressivité de façon à faire régner l’harmonie. » Et c’est bien parce qu’au judo les valeurs morales sont si importantes, que c’est l’un des sports de combat où l’on relève le moins de blessures et d’accidents. Tout cela, Aski le doit à son premier professeur dont il parle toujours a avec ferveur et émotion, Maître Victor..

À la mort de son père, Aski rencontre des difficultés pour payer ses cotisations mensuelle de 500 francs – nous sommes dans les années soixante-dix. Pour les régler il doit travailler, vendre de la confiture de tamarin, des oeufs et des volailles. À 14 ans, Maître Victor a bien conscience de sa valeur, puisqu’il le charge d’encadrer des judokas à l’entraînement, tandis qu’il commence à faire parler de lui sur les tatamis, au pays comme à l’international. « Le judo m’a permis de découvrir le monde. En 1975, j’ai vu pour la première fois la montagne de la Table qui se trouve à 17 km de Toliara, uniquement parce que je devais me rendre à une compétition à Fianarantsoa. Je crois aussi être un des premiers Tuléarois à avoir voyagé en Boeing pour les championnats internationaux. C’est d’autant plus ironique, qu’on était vraiment sans le sou à la maison ! »

Pour aider sa mère, il est obligé de stopper ses études et se fait embaucher dans une quincaillerie. Heureusement, il n’y restera que six mois. Son énorme potentiel de judoka lui vaut en effet de bénéficier d’une formation de trois mois à l’université de Tsukuba au Japon, en novembre 1985. A son retour, il est proposé au poste de directeur de la Houssen Memorial School Tuléar, en même temps qu’il décroche sa maîtrise en gestion et management. Célibataire endurci, il attendra 32 ans pour se marier et connaître les plaisirs de la paternité avec son fils unique de 14 ans.

Aski n’oubliera jamais son enfance pauvre. C’est bien pour cela qu’il va créer son propre établissement scolaire, la Capricorn School, ainsi qu’un dojo (centre d’entraînement) destiné aux jeunes issus des familles les plus déshéritées de Toliara. Aujourd’hui, cette structure est une véritable pépinière de champions pour le judo malgache. Elle est d’ailleurs à l’initiative du Akirakai and Azad Rémi Trophy, une prestigieuse compétition internationale créée en 1987.

Aski et Akirakai, un maître japonais mondialement connu.

#Retana

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