Apost : Les vétérans de l’Apocalypse
2 octobre 2018 - CulturesNo Comment   //   2220 Views   //   N°: 105

Légende vivante de la scène rock malgache, Apost revient en force à la fois sur scène et en studio. Des textes conscients et toujours bien léchés, des décibels plein les jacks, les cavaliers de l’Apocalypse nous annoncent même un cinquième album annoncé pour la fin de l’année. Ce qui s’appelle une « bonne nouvelle » !

Apost présentera un avant-goût de son prochain album au no comment bar, le 11 octobre, avec son line-up actuel : Abasse (chant), Dessa (basse), Rindra (batterie), Anja (guitare) et un second guitariste qui sera révélé lors de ce live. Loin de se cloîtrer dans le heavy metal, genre auquel on le réduit trop souvent, Apost veut encore une fois surprendre. « On n’a jamais voulu d’étiquettes… Du vakodrazana (musique folklorique) à l’acoustique, on a toujours pratiqué une vaste étendue de styles, et l’album en couvrira d’autres », annonce clairement Abasse.

Formé en 1986, Apost a connu bien des modifications. De nombreux musiciens parmi les plus prestigieux de la scène rock locale ont fait partie de la bande, notamment Niry Kely, Karim, Thierry Dekapy, Deba ou Lalah, avant que la formation se stabilise en 1999. Apost s’est toujours distingué par le soin apporté aux textes : « On a été les premiers dans le pays à mettre du rock sur des thèmes bibliques », rappelle Desa. Des titres comme Apokalipsy ou Fitsarana farany qui ont fait partie de leurs grands succès en témoignent. Des sujets plus profanes comme le délit de fuite (Enga anie) ou encore l’insécurité dans laquelle patauge Madagascar sont également abordés, avec toute la hargne nécessaire : « Ces voleurs à la tire, ces criminels qui se pensent intouchables. Ils récidiveront tant qu’aucun de nous ne prendra ses responsabilités, et malheureusement c’est ce qui arrive. » Le groupe souligne le cruel manque d’unité et de solidarité dans lequel nous vivons. « Comme chacun attend des miracles qui ne viendront jamais, les chefs d’États font le ménage à notre place car on n’ose pas, on a peur. Tant qu’on ne changera rien nous même, ce sera ainsi, quand bien même on aurait eu Obama au pouvoir. Et c’est de tout ça que nos descendants vont hériter. »

Des paroles durs qui donnent à réfléchir. Ce qui est, au final, l’objectif d’Apost. « On s’est d’abord fait appeler Apostoly Rock (Apôtres du rock) avant de raccourcir notre nom, car on est porteur de messages et de réflexion positives : faire le bien tant qu’on est en vie, penser aux autres.. » Apost est aussi un groupe qui expérimente. Le nouvel opus comportera quelques reprises de titres mais très éloignées de leur style de prédilection : « On aime donner une orientation rock à des morceaux pas forcément pensés pour ça. » On peut leur faire confiance, considérant le beau travail qu’ils avaient accompli en reprenant Kurde de Mahaleo : « Bekoto en personne qui en est le compositeur a approuvé la reprise ! »

Depuis la sortie de leur précédent opus, Mipoitra avy lavitra (Qui arrive de loin) il y a plus de cinq ans, le groupe s’est ouvert à des recrues plus jeunes. « Rindra et moi nous connaissions depuis Fianrantsoa où nous avions fait plusieurs concerts ensemble. Il m’a sollicité pour intégrer Apost et voilà », raconte Anja. Rindra, quant à lui, fut aiguillé vers le groupe par un ami commun. « Depuis, j’ai eu l’occasion de monter sur de grandes scènes comme Antsahamanitra en 2012, des expériences remarquables du fait de la maturité des musiciens avec qui j’ai travaillé. » Anja ne peut s’empêcher d’évoquer le rêve de fan qui s’est concrétisé pour lui : « Je jouais Apokalipsy par plaisir plus jeune, et là en 2016 à Mahamasina, j’ai pu jouer avec le groupe en personne… » La scène d’Antsahamanitra, une longue histoire pour Apost puisque c’est là qu’ils ont leur premier album Didy Folo à la fin des années 90 : « On a joué à guichets fermés, alors que le rock malgache était à l’agonie. On a même devancé les artistes de variétés au hit-parade, première pour un groupe de rock ! » Le genre d’exploit qu’ils entendent bien réitérer ! En parallèle d’Apost, Abasse et Desa collaborent avec Karim, lui-même ancien membre du groupe, à travers le projet Hell’s Rush qui devrait lui aussi sortir en album très bientôt ! On dit amen à qui ?

Contact : 034 11 185 83

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