Ils sont quatre sur scène, parfois cinq en coulisses, et dans leurs veines coule un alliage explosif de riffs distordus et de racines profondes. Vain’Af, c’est le bruit et la sueur du sud, porté par un punk aux couleurs de tsapiky.
Des riffs étourdissants, des coups de baguettes cataclysmiques, et une rage contenue qui explose à chaque montée. Vain’Af, c’est le Sud à l’état brut, électrifié par un punk sans fard. Né officiellement en 2022, ce groupe s’impose comme un des fers de lance du rock sudiste à Madagascar. La bande est formée de Tantelisoa Tovoarinoro à la voix râpeuse et à la guitare acoustique, de Kotokely Bienvenu Ratovoniaina à l’électrique — également compositeur —, de Heriniaina Tryg Aurelien Randrianohantaina à la batterie, d’Agdilah Rabenasolo à la basse, et Maximin Njava à la console. Une équipe née de croisements de routes et de rêves tenaces. Une formation montée non pas pour plaire, mais pour brûler. Le nom Vain’Af, boule de feu, explique tout.
Leur son sonne comme une claque. Une fusion musclée entre tsapiky rétro et punk tendu, trempée dans le sable chaud de l’Atandroy. « Ce n’est pas du pop rock. C’est du punk, avec le rythme Banaiky comme colonne vertébrale », insiste Kotokely. Ce qu’ils cherchent, c’est amplifier la culture sudiste sans la diluer. Injecter dans les oreilles d’aujourd’hui des échos ancestraux, les réchauffer à la distorsion, puis les balancer en pleine face, bruts de scène. Les textes, eux, parlent sans filtre. Chaleur accablante, pauvreté, galères du quotidien, insécurité grandissante. Le tout chanté en dialecte Vezo pour les morceaux tsapiky, Atandroy pour les riffs plus nerveux. Une langue pour chaque battement, chaque colère. « Sur scène, on sort tout ce qu’on a gardé en nous », lâche Tryg. Et le public suit. Indie Indri 2025 ne s’est pas encore remis de leur passage incandescent.
Vain’Af, c’est aussi une ambition. Les gaillards veulent faire rayonner le rock du Sud, un courant encore timide mais bien vivant. Le groupe peaufine actuellement son premier album, dix morceaux ciselés entre Toliara et Antananarivo. Huit brûlots aux rythmiques incandescentes, et deux titres volontairement plus doux, aux accents britanniques — pour respirer entre deux tempêtes. « L’idée, c’est de rester fidèle, tout en étant accessible », résume Tryg. Pour les prochains concerts, ils prévoient d’accrocher des mégaphones sur la façade de scène, comme dans les bals du sud. Le geste est symbolique, presque manifeste. Car Vain’Af, c’est aussi ça. Ce sont cinq électrons soudés autour d’une culture vivante, un son libre, intense, enraciné. Un pacte électrique entre tradition et chaos. À fond les amplis. Sans concession.
Rova Andriantsileferintsoa
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