Rakotovao : Chaussure à son pied
7 mai 2014 - Créateur La modeNo Comment   //   4802 Views

M. Rakotovao ou Rainivony, au choix, est l’un des grands maîtres bottiers du pays. Pour hommes ou pour femmes, en cuir lisse ou en croco, ses modèles « grande mesure » expriment une certaine idée du luxe malgache.

Issu d’une lignée de maîtres bottiers – son grand-père et son père avant lui – , M. Rakotovao chausse de nombreux clients étrangers, car la réputation des  chaussures Rainivony, sur le marché depuis 1922, a largement dépassé les frontières du pays. « Mon grand-père a appris  le métier par un Français qui lui a légué sa boutique quand il est parti.  A l’époque, nos locaux étaient à Isoraka, ça fait presque un siècle. » Son fils a tout naturellement repris l’entreprise familiale, non sans avoir suivi une formation en France pour exercer le métier dans les règles de l’art. En  1980,  M. Rakotovao lui succède, mais la saga est loin d’être terminée puisque c’est sa fille aujourd’hui qui s’apprête à reprendre le flambeau.

La botterie faite main n’est pas spécialement une sinécure, d’autant que la concurrence chinoise avec des matières beaucoup moins nobles que le cuir est féroce sur ce créneau. M. Rakotovao  tentera de lui résister, mais en 1999 il est obligé de  fermer boutique et de se reconvertir dans la réparation de chaussures. « C’était ça ou la faillite, mais je reconnais que l’activité est beaucoup plus rentable que le travail du cuir. Aujourd’hui j’ai quatre échoppes sur Tana : le Pavillon Analakely, aux 67 Ha Sud, à Rasalama et au Jumbo Score d’Ankorondrano. » Toutefois, n’oubliant pas sa vocation première de créateur de chaussures, il consacre encore une petite part de ses activités aux chaussures grande mesure. A la différence du sur mesure, la grande-mesure (ou bespoke) est un travail entièrement réalisé à la main pour un modèle unique et qui répond dans les moindres détails aux désirs du client. « Je n’ai pas de modèles, ce sont les clients qui viennent avec leur propres dessins et qui choisissent les formes et les matières. Le but est d’avoir un article d’exception, unique au monde, où l’excellence de l’artisan se reflète. C’est un peu une consécration. »

Sa clientèle est composée d’hommes et de femmes d’un certain standing, style quarantaine active. « Ils poussent la porte de mon atelier pour me faire partager leur rêve. Mon rôle est de le rendre réel, même si cela doit me prendre une semaine ou quinze jours. » Après avoir intégré toutes les exigences du client, il commence par fabriquer une maquette de la chaussure dans du mauvais cuir. A partir de là, il est toujours possible de rectifier dans le détail, rallonger le bout, diminuer le nombre de brides… Une fois que le modèle est parfait, il n’y a plus qu’à le couper dans du cuir supérieur.  Le maître bottier assure qu’aucun client n’a jamais été déçu. « Ils reviennent à chaque fois parce qu’ils sont satisfaits. La plupart sont des étrangers, des Français, des Canadiens, très peu de Malgaches. » Chez M. Rakotovao, une paire de chaussures pour hommes en cuir lisse coûte 350 euros (1,1 million Ar), 500 euros (1,6 million Ar) si c’est du  croco. Pour les femmes, un modèle tout confort ne dépasse guère 250 euros (800 000 Ar). « C’est sans commune mesure avec les prix pratiqués par la botterie de luxe française ou italienne, et pourtant en qualité mes modèles n’ont absolument pas à rougir. » Il prévoit {C}{C}{C}{C}{C}{C}{C}{C}{C}d’ouvrir prochainement un showroom du côté d’Antaninarenina, car « savoir-faire et faire-savoir vont de pair aujourd’hui ». Une vraie chance pour la chaussure malgache et l’artisanat d’exception.

Aina Zo Raberanto

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