Après tant d’années sans album, le rocker et bluesman Vahömbey a sorti au mois de novembre dernier « Blues », son quatrième opus national et septième si on compte les internationaux. Dans cette galette, le Patriarche (surnom que la presse lui a donné) se montre moins rock et plus spirituel.

Blues, un opus après tant d’années sans album.
Pendant de longues années, j’envisageai d’arrêter la musique pour la politique. Mais au fil du temps, je me suis dit qu’il m’est trop difficile de ne plus écrire, composer et chanter le beau qui est en moi. On n’oublie pas ses premières amours, dit-on. Alors, je recommençai à sortir sur Youtube et sur Soundcloud des nouveaux morceaux, sans avoir pensé à sortir un album. Le déclic c’était lors d’une période de traversée du désert au cours de 2016. De manière spontanée, j’ai écrit et composé les huit morceaux de « Blues ». Je suis de nature perfectionniste, mais j’ignore pourquoi, mais aucun des titres dans cet opus n’a fait l’objet d’importantes recherches ni de longues réflexions. J’étais dans un studio, je prenais ma guitare et tout coulait comme l’eau de la rivière.

Traversée du désert ?
En fait, pendant deux mois, l’année dernière, j’étais contraint de ne plus habiter mon chez moi et de m’éloigner des miens. Comme un véritable SDF, ma voiture était mon seul refuge. Je ne me cachai pas le jour – je circulai en ville comme tout le monde – mais la nuit, j’étais obligé de fuir car des hommes voulaient s’en prendre à ma vie. Grande gueule comme je suis, je pense que c’est pour des raisons politiques. Je ne restai pas deux nuits sur un même site. Une nuit, je me gare à Alasora, la nuit suivante, je reste à Analakely, ensuite je dors à Ambatofotsy, etc. Il est à noter que, de ce fait, Blues a été enregistré dans quatre studios différents.

On entend plusieurs collaborations dans cet album.
Oui, il y a par exemple un featuring avec le groupe de rap X-Crew. J’étais dans le studio, en plein enregistrement. Ils étaient arrivés parce que eux aussi, ils devaient enregistrer là juste après moi. Ils me regardaient, alors, je les ai invités à faire du free-style sur ma maquette. Grands rappeurs comme ils sont, nous avons bouclé le morceau en deux temps trois mouvements. Comme j’ai dit, chacun des morceaux de cet album est spontané. J’ai aussi collaboré avec plusieurs autres musiciens pendant la réalisation de cet opus, notamment les mecs du vieux groupe de heavy-metal Lökömotiva, entre autres.

Pourquoi « Blues » ?
Cet album, je l’ai fait pendant matraversé du désert. Tous les souvenirs, bons mais aussi tristes, me sont revenus. J’ai eu des flash-back du suicide collectif de ma mère, la poétesse Sahondra Ravaka, et de mes trois frères et sœur en 1972, et tout mon passé. Blues car c’est sincère et authentique. Dans cet album, je suis moins véloce, le rock qui est en moi est plus atténué. Je reconnais qu’avec l’âge, je perds de ma rage. Quand on est jeune, on est à la fois enthousiaste et idéaliste. Quand on vieillit, il demeure l’idéalisme.

Propos recueillis par #SolofoRanaivo