Vacances, j’oublie tout ?
11 septembre 2015 - FombaNo Comment   //   1811 Views   //   N°: 68

Combien sont-ils dans la Grande Île, à partir ou pouvoir partir en vacances ? Il y a ceux qui partent et ceux qui restent. Mais, surtout, désormais, ceux qui égrènent les souvenirs des temps heureux quand alors, partir en vacances allait de soi… 

C’est quoi les vacances ? L’on se croirait transporté dans un autre univers. Que signifie le farniente dans une grande île où la dolce vita fait partie de la culture du mora mora ? Ce fameux « tout doux, tout doux » a été accolé à l’image de Madagascar par des étrangers dont le mode de vie ou les moeurs ne permettent pas de comprendre ce que vivre veut dire. Pour eux, c’est l’image d’Épinal de la plage et des cocotiers. Le manuel des manuels de lecture en langue étrangère des écoliers porte un titre des plus significatifs : Madagascar, l’île heureuse. A-t-on besoin de vacances dans une île heureuse ? Dans l’état actuel des choses, la réalité en est loin, si loin que, depuis des années, les politiques malgaches ont bien vite trouvé un slogan électoral porteur. Votez pour une ville ou une nation où il fera bon vivre ! C’est accrocheur mais, on n’en est encore pas là, d’où le futur simple.

Les électeurs votent oui automatiquement. Qui ne voterait pas pour que leur île soit une île de vacances éternelles ? Bien entendu, peu y croient désormais entre la course au riz quotidien, les sempiternelles coupures d’électricité, les affres du chômage ou la terreur permanente de nuit comme de jour, dans les rues, sur les routes ou à la maison. Bref, juillet-août-septembre, c’est sans doute, une Sainte Trinité ailleurs, mais des mois comme tous les autres ici. Les embouteillages en moins, comme si les voitures, elles aussi restaient au garage.

Quand partir en vacances allait de soi… C’est une autre division du monde qui émerge. Que les écoles ferment ne signifie pas obligatoirement qu’écoliers, collégiens, lycéens et étudiants vont automatiquement se livrer aux joies de la vadrouille, du vagabondage autorisé ou jouir de l’euphorie des départs pour les Îles Fortunées ou pour un retour aux sources. Ou tout simplement pour le plaisir de partir. Mais, c’était dans un Age d’or. La poste fonctionnait. Les deuches empruntaient les pistes sans problème. Les 4X4 n’avaient encore aucune raison d’être. Les trains circulaient alors, bondés de familles d’estivants – bien lire estivants – qui couraient en masse compacte vers la mer. À 300 km, Toamasina, Ambila ou Foulpointe, c’était les plages d’Antananarivo. À 700 km, Mahajanga faisait figure de proche banlieue de la capitale. Beaucoup de Tananariviens ont choisi, au fil des années, d’y rester et de ne faire le chemin inverse que… pour passer des vacances.

À Madagascar, quand tout va mal, on se tourne vers le passé pour oublier le présent. La culture des coutumes, le sacro-saint respect des rites, le sens de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, demeurent les seuls liens avec des temps révolus. Quand les vacances avaient encore un sens.
Vacances, j’oublie tout ?

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