Urban Art Festival : la ville à l’oeuvre
8 novembre 2015 - CulturesNo Comment   //   1610 Views   //   N°: 70

Le festival d’art urbain organisé par l’Is’Art Galerie se mijote à La Teinturerie, friche de blanchisserie industrielle située à Ampasinamalo qui accueille dorénavant l’essentiel des activités de l’Is’Art. Ce festival d’arts pluridisciplinaires a démarré sous une forme plus confidentielle : Revy Eny an-Kantsa avait commencé presque à la campagne, du côté d’Ambohimangakely en 2010, et dès ses débuts il avait pour vocation d’accueillir en résidence des artistes étrangers afin de favoriser les regards croisés avec la création locale, ainsi que la rencontre avec des habitants peu familiarisés avec l’art actuel. Son implantation en centre ville semble correspondre davantage à l’appellation de festival d’art urbain qu’il arbore depuis 2014, avec l’ambition de devenir une proposition d’art contemporain.

Pour cette année, il accueille aussi les artistes au sein du Craam, et naturellement il rayonne sur la cité : du 12 au 24 octobre, les artistes s’approprient Antananarivo qui devient, depuis la Haute ville jusqu’à Manjakaray, leur support à peindre autant que le théâtre de leurs performances. L’édition 2015 promet d’être riche avec des artistes issus de Madagascar mais aussi de l’Afrique du Sud, du Kenya, du Zimbabwe et de France. Une partie des manifestations leur est réservée, une sorte de festival « us », afin de faciliter les échanges de pratiques. Voici un bref panorama des artistes invités. 

Meghan Judge, artiste-chercheur d’Afrique du Sud, est le commissaire de cette édition. L’artiste connaît bien le contexte puisqu’il a séjourné à Ambohimangakely en 2009 et 2011. Membre de Civicus, une organisation civile qui cherche le « renforcement de l’action citoyenne », il se définit comme un artiste social. Sa précédente intervention Who is Master Pierre Be questionnait la vérité et les traces mnésiques des émeutes du Kung Fu en 1985 à Antananarivo.

Conor Ralphs, artiste peintre et photographe sud-africain, travaille sur les notions de migration (des individus, des groupes, de la matière), et sur la cosmologie. Il a créé avec Meghan Judge l’Africa-Nosy Art Exchange (ANAE) afin de renforcer les liens culturels entre le continent africain et les îles autour.

Joao Orecchia fabrique des choses avec du son. Artiste performeur d’Afrique du Sud, il officie en solo ou avec son groupe Motel Mari. Son projet en cours, « Les villes invisibles », utilise la ville comme sujet d’expérimentation, par des événements et une radio pirate.
Wallen Mapondera (visuel), peintre du Zimbabwe, propose d’interroger notre rapport à l’animal.
Exposée dans le monde entier, sa peinture devrait trouver écho dans les imaginaires de Madagascar : zébus et chiens s’y retrouvent, et certains travaux sur écorce ne sont pas sans rappeler le travail de Temandrota.

Le dessinateur de BD Chief Nyamweya s’est intéressé avec EmergencyWebComic à l’histoire de son pays, le Kenya, et particulièrement à l’époque du héros national Dedan Kimathi (1952-1960). Même si vivre de son art au Kenya semble un pari difficile, il est prêt à le relever, et son héros Roba, créé en 2011 est devenu une vraie star dans son pays puisqu’il apparaît au quotidien dans le journal… « The Star ».

Lindiwe Matshikiza est un acteur, réalisateur, auteur de théâtre et de cinéma, mais surtout il est à l’initiative du Donkey Child Projects, un projet situé dans le coeur du métro de Johannesbourg, mais qui voyage souvent, avec la collaboration d’autres artistes comme partie essentielle du processus. Une histoire d’âne et d’enfance, qui fédère et tisse les liens dans le temps et l’espace.

Lavendhri Arumugam, elle aussi originaire d’Afrique du Sud, a étudié l’art visuel au Royaume-Uni. Elle est aujourd’hui directrice de Ithuba Arts Fund, fondation-galerie de Johannesburg qui travaille à l’émergence et à la professionnalisation de jeunes artistes.

Matthieu Cretté est spécialisé en scénographie vidéo et en vidéo mapping, une technique récente qui permet d’habiller toute surface, et notamment l’architecture, avec des affichages dynamiques. Installé au Mali, il y a créé en 2007 avec Olivier Fabre le collectif Nye Blen, « l’oeil rouge », afin que la scène culturelle de Bamako puisse s’initier au Vjaying.

Nirina Lune auteure-compositrice-interprète parisienne compose de la « soul cosmique » avec sa loop machine. Elle propose elle aussi un atelier 100 % vocal, son LOOP : Laboratoire ouvert d’osmose poétique. Allez l’écouter sur les réseaux si vous l’avez manquée à Tana, elle le mérite. Yo !
 

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