Tovolah : « Le rap devient de la variété »
14 février 2017 - CulturesNo Comment   //   3120 Views   //   N°: 85

Son physique impressionnant ne passe pas inaperçu. Autrefois connu sous le nom de Bigga Tovo, il l’a changé en Tovolah, l’Homme. Figure emblématique du rap malgache depuis 20 ans, Tovolah ne mâche pas ses mots, notamment sur les « artistes qui n’ont rien à dire à part abrutir les gens ». Vous pensez à qui ?

Tovolah est un artiste engagé, un panafricaniste comme il le précise, qui œuvre pour l’éveil des consciences et de l’homme africain. Depuis 1996, date de création de son groupe Karnaz, la vision du rappeur n’a pas changé. « Je chante les réalités sociales, économiques et politiques. Par exemple, je parle des inégalités sociales, des rapports hommes et femmes et de l’importance de l’éducation, pour moi, c’est une des clés du développement. » Des messages qui ciblent les jeunes, l’espoir du pays mais pas assez pris en compte par l’État, estime-t-il. « C’est vrai que je n’ai pas encore de solutions concrètes, mais j’apporte ma contribution à travers ma musique. Si une personne écoute ce que je fais, et réfléchis ne serait-ce que 10 secondes, c’est déjà un grand pas. » Malheureusement, le rappeur se sent exclu par les médias. Si auparavant, il enchaînait les interviews à la télé ou à la radio, aujourd’hui ce n’est plus le cas.

« Je pense que nous sommes crus dans nos textes, nous avons un franc-parler qui dérange. Et pourtant, nous ne faisons que dire ce qui se passe dans le pays, chose que les médias malgaches ne montrent pas. Ils préfèrent diffuser des artistes qui n’ont rien à dire à part abrutir les gens. » Malgré tout, le hip hop reste une musique de partage. Raison pour laquelle, il a créé Kolotsaina Mainty, littéralement, Culture Noire qui est à la fois un label mettant en valeur la musique black, avec la participation de plusieurs artistes et une plateforme d’échanges avec des partages de mixtapes – compilations de chansons – en libre téléchargement. « Le but est aussi d’encadrer ces artistes puisque le monde du rap est très vaste. C’est un art, il faut le maîtriser pour pouvoir bien le faire. C’est le message que nous faisons passer dans notre mixtape Ara malagasy sorti en 2015. »

C’est également une de ses missions à travers l’organisation de l’événement End of The Weak qui en est à sa deuxième saison cette année. Cette compétition internationale de rappeurs, plus précisément de MC (maîtres de cérémonie), a pour objectif de promouvoir le côté artistique et surtout technique du rap. L’année dernière, Madagascar était représenté par Epistolier lors de la finale en Suisse ; il est arrivé sixième sur 15 pays participants. « Le rap, c’est une musique technique. Il faut connaître et apprendre les bases comme les tempos, les mesures, le contrôle de la respiration, la cadence, le débit des phrases… Quand j’entends les musiques que font les jeunes actuellement, j’ai un peu mal aux oreilles. Le rap devient de la variété. Il perd de sa valeur. »

Cette année, le End of the Weak sera délocalisé en provinces en plus du lancement de trois artistes Epistolier, Kaz Legend et Prince, suivi d’un festival étalé sur trois jours prévu en juin avec la participation de Zaza rap Taiza et des DJs internationaux. Côté perso, Tovolah se consacrera plus à sa carrière solo avec la sortie de son troisième mixtape et surtout de son troisième album vers le milieu de l’année. « Je vais intégrer plus de musiciens dans cet album grâce à des collaborations de l’année dernière. En fait, c’est juste la forme qui change mais pas le fond. »

Contact
Tovolah : 034 07 172 00

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