Tinah-Ti : Soukouss électrique
6 juillet 2012 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   2799 Views   //   N°: 30

La zoulou girl sort ce mois-ci son second album intitulé Za zany mitsy  (Je suis comme ça). Dans la droite ligne de son premier opus, tout en soukouss et en provocations tous azimuts. A prendre ou à laisser ! 

On l’a vue le mois dernier partager la scène avec Lianah, la reine du « chaud bouillant » (musique mafana), dont elle fut un temps la danseuse. Comme elle fut, dans les années 2000, la danseuse de Tearano, de Dah’ Mama, du reggae man José Satoub. A l’époque, personne ne pouvait deviner l’énorme phénomène qu’elle allait devenir. Jusqu’au jour où Tinah-Ti, de son vrai nom Lova Haingotiana Ratsimbazafy, entreprit de composer et de chanter elle-même ses propres textes. C’était en 2009 et depuis la belle occupe une place bien en vue parmi les « performeuses » de la nouvelle génération, aux côtés des Tence Mena et des Black Nadia. Qu’elle chante le soukouss, le dombolo, le vakisôva ou le coupé décalé… avec elle ça déménage réellement. Un pur condensé de trash malgache ! 

Ses tenues extravagantes (parfois une simple teinture blanche en guise de soutien-gorge), son look zoulou évoquant ses origines sénégalaises par son grand-père maternel, tout cela contribue à son image sulfureuse de « Lady Gaga complètement barrée ». Et puis ces textes qui rappellent furieusement par leur côté scabreux ceux de Ramora Favori. « Je ne cherche pas à faire de l’outrage à la pudeur, j’appelle juste un chat un chat », s’esclaffe-t-elle.

Un morceau comme Botan-janako (Tsy hita ny entako), qui parle de la circoncision de son fils, est un modèle de chanson limite à Madagascar, bôtan-janako désignant ouvertement le sexe de l’homme. Entre autres noms d’organes qu’elle introduit fréquemment dans ses titres. La chanteuse en concert est à peine plus fréquentable. « J’en vois qui tombent dans les pommes en prenant ce que je fais au premier degré. Pour certains je suis une satanique à envoyer direct au bûcher ! » Allusion à son concert du lundi de Pâques au stade de Betongolo qui tenait à la fois de la messe noire, de l’orgie gothique et du grand guignol ! Elle entrait sur scène coiffée d’une couronne d’où jaillissaient deux serpents, et quand plus tard dans le concert elle se mettait à fouiller dans le pantalon d’un de ses danseurs, c’était encore pour en retirer un serpent ! Sans parler du sacrifice d’un poulet dont le sang était bu en direct.

« Si tu prends ça pour de la sorcellerie, c’est que tu manques sacrément d’humour et de références », lance-t-elle. En effet, pas la peine d’être grand clerc pour voir dans tout ce cinéma des réminiscences d’Alice Cooper (le rocker qui chantait avec des boas autour du cou dans les années 70) ou plus près de nous de Marilyn Manson, de Madonna, de Lady Gaga. Pour autant, celle qui professe chanter pour les adalabe (chenapans) et contre les « coincés » est assez pro pour savoir s’arrêter à temps, « consciente qu’il y a quand même des limites à respecter ». Du grand art !

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