Tina Rakotondrasoa : Le social fait son cirque
30 décembre 2012 - Cultures DiversNo Comment   //   2009 Views   //   N°: 35

Jongleur acrobate au sein de l’école Chapitô Metisy, Tina Rakotondrasoa met les arts du cirque au service de l’insertion sociale.
Tirer les gamins de la rue pour en faire, les grandes vedettes du cirque de demain.
Tous en piste. 

Tina Rakotondrasoa est jongleur acrobate au Chapitô Metisy, une école de cirque social installée dans le quartier populaire de Mandialaza Ambatomitsangana.
Pas tout à fait une vocation, le cirque, puisqu’il a débuté sa carrière comme danseur folklorique dans le groupe Bakomanga.
Encore que ! « Les acrobaties au sol, les chutes avant et arrière sont la base de la danse traditionnelle de l’Imerina », fait-il observer.
C’est même comme ça qu’une compagnie de cirque européenne en tournée à Madagascar le remarque et l’initie au noble art de la piste.
Depuis l’homme aux dreads jongle avec les massues, joue avec le feu, danse avec des échasses, exécute des doubles triples sauts périlleux pour le plaisir des petits et des grands.

« D’avoir pratiqué la danse fait qu’il y a toujours une dimension chorégraphique dans mes spectacles, il faut aussi que ce soit beau à regarder. » 

Aujourd’hui, son nom est indissociable de la Compagnie Aléa des Possibles qui gère depuis 2006 Chapitô Metisy.
Il en partage pleinement, via sa responsable Virginie Lavenant, la visée sociale et éducative.
« On pense que le cirque est un moyen de développement personnel et d’insertion.
C’est pour ça qu’on a choisi d’installer notre école dans ce quartier défavorisé de la capitale.
En apprenant aux jeunes du quartier les bases du cirque, on les tire de l’oisiveté, on les aide à surmonter leur environnement social très dégradé. »
Et ça marche ! L’affluence aux spectacles de jonglerie, de magie, de marionnettes organisés régulièrement par l’école en témoigne.
Cette dernière est également une riche plateforme d’échanges avec de nombreuses compagnies de cirque extérieures, comme Zip Zap Circus d’Afrique du Sud ou Cirquons Flex de La Réunion.

Une synergie dont profite pleinement Tina qui a pu se produire à la Réunion en 2008 (avec Vovoka) ou en France métropolitaine en 2011 avec le Cirque d’Azur.
« Là-bas, ils ont des chapiteaux de 1 000 mètres carrés et des artistes qui sont au top, rien à voir avec nos cracheurs de feu d’Analakely.
Nous-mêmes on est obligés de fabriquer des massues avec du bambou et des cartons, tellement on manque de tout… »

Pour autant, Tina ne désespère pas de voir un jour Madagascar figurer parmi les grands pays du cirque.
« On a vraiment le potentiel artistique pour y arriver, estime-t-il.
Je ne dis pas que je le vivrai moi, parce que je vais déjà sur mes 30 ans, mais je pense à tous ces jeunes qu’on forme et qui prendront un jour la relève. »
Un gros coup d’accélération sur la pédagogie qui se traduit cette année encore par une formation de « formateurs en arts du cirque » dispensée par Chapitô Metisy et destinée à faire germer les talents partout où ils se trouvent sur le territoire.
Autant dire que Tina n’est pas prêt d’arrêter son cirque…

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