Théo : Toujours dans l’air du temps
18 décembre 2017 - MétiersNo Comment   //   2481 Views   //   N°: 95

Cela fait plus de 25 ans que Théo est horloger. Dans son petit atelier du côté d’Ambatomainty, le quinquagénaire reçoit de prestigieux clients qui ne confient leurs belles toquantes qu’à lui. Car Théo est un orfèvre en la matière.

Avec l’hégémonie des téléphones portables à indicateur horaire, les montres semblent avoir fait leur temps. Les horlogers sont en voie d’extinction. Mais Théo, la cinquantaine, continue à exercer son métier avec passion. Son atelier situé dans un endroit intimiste d’Ambatomainty est fréquenté par toutes sortes de mordus de belles mécaniques à rouages. En général, des hommes ou femmes d’affaires ou d’influents personnages politiques. Mais aussi des gens ordinaires qui ont cette même passion pour les cadrans.

Théo n’est pas une célébrité, mais il est connu dans le monde de l’horlogerie à Madagascar, ses services sont très demandés. Ses clients, presque des membres de la famille avec le temps, viennent pour de simples entretiens, des réparations, voire pour redonner vie à une pièce de musée qui n’a plus tourné depuis des lustres. Qu’elles soient mécaniques à remontage (manuel ou automatique) ou à quartz (fonctionnant avec des piles électriques),

l’artisan n’aime rien tant que contempler ces délicats mécanismes. « Montres à gousset, montres-bracelets, pendules, horloges murales, je les aimes toutes », confie-il, une loupe sur l’œil gauche, scrutant le minuscule moteur d’une Breitling.

Récemment, le magicien des horloges a remis en marche une montre à gousset de 1815 d’une valeur d’une centaine de millions d’ariary. « J’ai galéré pour trouver les pièces de rechange, mais ç’a été une grande fierté pour moi et un honneur de m’être occupé d’un objet de collection pareil. » et de souligner que dans son travail, le plus difficile est de trouver les pièces de rechange, quelles que soit leurs tailles. Pour réussir dans ce métier, il faut être méticuleux. « C’est ma plus grande qualité. En horlogerie, un rien du tout, un grain de sable peut enrayer tout un mécanisme. » Son plus grand défaut ? Paradoxalement, le manque de ponctualité ! « Je suis tellement pris dans tous ces rouages que souvent je ne vois plus le temps passer », relève-t-il, sourire en coin.

L’horlogerie, Théo l’a appris sur le tas, en autodidacte. Son seul regret, qu’aucun de ses enfants ne s’intéresse à son métier et n’envisage de lui succéder. Mais peut-être aura-t-il plus de chance avec ses deux petits-enfants, encore bien jeunes, si un jour les montres reviennent en force ? Même sous forme d’hologrammes. Le temps le dira.

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