Taombaovao malagasy : Au hasard du calendrier !
10 mars 2015 - TraditionsNo Comment   //   3752 Views   //   N°: 62

Chaque année, on assiste à au moins trois fêtes du « Taombaovao malagasy » (Nouvel An malgache). 
Et pour cause, les gardiens de la tradition n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la date de sa célébration. 
Une chose est sûre, il ne tombe pas un 14 juillet comme ce fut un temps imposé par l’administration française… 

Relégué aux oubliettes pendant toute la Colonisation et une bonne partie de l’Indépendance, le Nouvel An malgache se fête à nouveau et au grand jour depuis 2007. Calculé sur l’ancien calendrier lunaire, le Taombaovao tourne généralement autour du 21 mars, et c’est l’occasion de grandes fêtes et de manifestations. Le seul hic est que les gardiens de la tradition ne sont pas unanimes sur cette date et selon les courants auxquels ils appartiennent organisent les célébrations comme bon leur semble. Conséquence, nous avons jusqu’à trois Nouvel An dans l’année ! Pourquoi cette surabondance de Taombaovao ?
Il faut savoir qu’avant la Colonisation, chacune des ethnies malgaches avait son propre calendrier.

Il faut savoir qu’avant la Colonisation, chacune des ethnies malgaches avait son propre calendrier.

Ce n’est que sous le règne de Radama II (1861-1863) que les Malgaches ont commencé à avoir le même calendrier de référence, l’alimanaka, ce qui ne les empêche pas d’avoir des Nouvel An différents… « En fait, la date changeait en fonction du monarque, surtout depuis les trois Ranavalona qui ont fait coïncider le jour de l’an avec leur anniversaire. Du temps de Ranavalona III (1883-1897), on célébrait donc le Taombaovao malagasy le 22 novembre. Ses descendants et fidèles perpétuent jusqu’à aujourd’hui cette tradition », explique Henri Randrianjatovo, astrologue et ancien membre du Trano Kolotoraly Malagasy (Centre culturel malgache). Durant la colonisation, les Français vont même aller jusqu’à imposer le 14 juillet, fête nationale française, comme date du Nouvel An !

Mais c’est la signification et le sens donnés par les monarques au Taombaovao qui ont entraîné une évolution des pratiques, et, aujourd’hui, ce désaccord entre les spécialistes. Même la dénomination de la fête n’a cessé d’évoluer. Du roi Ralambo (1575-1610) à Andrianampoinimerina (1787-1810), on l’a appelé Alahamadibe, littéralement le Jour du roi. Ce jour était marqué par le fandroana, le bain royal pris selon des rites sacrés et lié au culte des morts. Mais avec l’arrivée du christianisme, ces rites considérés comme païens ont été abandonnés, et le nouvel an est devenu Asaramanitra, le Mois de la fragrance. Un véritable casse-tête pour les historiens et tous ceux qui ont à coeur de faire revivre cette tradition. « On va essayer de trouver au plus la date la plus proche du raisonnable et acceptée par tout le monde », promet Henri Randrianjatovo. Rendez-vous donc l’année prochaine pour un Nouvel An unanime ?

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