Tandrignesa : Tsapiky et maracas !
8 novembre 2017 - CulturesNo Comment   //   1398 Views   //   N°: 94

Tandrignesa, groupe originaire de Tana, s’autorise à revisiter des genres très populaires comme le tsapiky pour donner à entendre une musique quintessenciée, qui sorte un tant soit peu des sentiers battus. Et aux dernières nouvelles, elle est très appréciée des Réunionnais !

Vêtus de costumes traditionnels faits en raphia, c’est à se demander si Tandrignesa fait partie de ces groupes du Sud qui veulent s’affirmer à Tana ? Et bien non, c’est le contraire. Noëlla, Johary, Lova, Tafita et Mickaël sont de jeunes Tananariviens qui entendent valoriser la tradition au moyen d’instruments modernes. « Alors que certains médias locaux promeuvent le copier-coller, on préfère créer notre groove en revisitant les couleurs musicales de chaque région, du tsapiky (sud) au salegy (nord) en passant par le basesa (est), le vakisôva (centre) ou le malesa (ouest) », confie Johary Rakotoarisoa.

Créé en septembre 2015, Tandrignesa porte bien son nom, dérivé de regneso (écoutez). « Notre musique n’est faite ni pour danser ni pour s’amuser, encore moins pour entrer en transe. Notre objectif est d’éveiller l’oreille musicale de chacun. » Ainsi, Tandrignesa s’autorise à jouer du tsapiky avec uniquement des guitares acoustiques et une basse, accompagnées de maracas ! « On aime mettre à nu ces genres très rythmés comme le tsapiky de façon à mieux en apprécier l’essence et l’émotion qu’ils recèlent. »

L’ensemble musical épouse parfaitement la voix grave de Noëlla, une tessiture qui s’offre le luxe d’atteindre des octaves supérieures à la manière d’Aretha Franklin. Du gospel, oui ! car trois des membres ont fait leurs armes au sein de la chorale Mahalasàna. C’est d’ailleurs de là qu’est né leur désir de créer un groupe qui sorte (enfin) des sentiers battus. Depuis 2015, Tandrignesa a déjà fait le tour des centres culturels et quantité de pubs pour promouvoir leur musique.

En général, leurs textes ne laissent pas de marbre les fans de philosophie et des grandes leçons de moralité. « Nos textes sont loin des ‘chéris baby’ qu’on a l’habitude d’entendre en boucle sur les chaînes de télé et de radio. On préfère prodiguer des conseils de vie comme sur Aza matoky namana (N’accorde pas ta confiance à tes amis) qui sent le vécu ! » Pour ses textes, le groupe n’hésite pas à chercher dans les bibliothèques et même dans les brocantes d’Ambohijatovo les perles rares qu’ils (re)mettront en valeur, comme ces textes profonds de Georges Andriamanantena.

Toujours dans l’optique aller au-delà de la « zone de confort », Tandrignesa prévoit aujourd’hui de sortir le clip Tsys’ vao en autoproduction. « Étant donné qu’il n’y a aucune structuration en matière d’art et de culture, on est obligé de trimer pour faire connaître notre musique. Pour l’instant, ce sont surtout les Réunionnais qui en sont fans. Les Malgaches peut-être un jour ? Le jour où la politique des médias laissera place à la créativité, non au copier-coller de l’étranger. » Ca tu peux le dire !

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