TagmannamgaT
8 octobre 2014 - MusiquesNo Comment   //   2050 Views   //   N°: 57

Very Important Poet

Habitué des scènes de slam, c’est dans un univers différent que TagmannamgaT s’est dévoilé en  juillet dernier avec son exposition « Monde allant vers » au Centre des arts actuels de Madagascar. Après avoir ajouté la photo et la vidéo à  son art oratoire, il entend aujourd’hui passer à la musique. Crime de lèse-majesté ?

« Je pense que ce serait cool de vivre le monde à l’envers ou en verlant / On ne l’appellerait plus monde, on l’appellerait dé-mon / Mais je pense que ce serait flippant de vivre dans un tel endroit / Car la terre et les océans seront en l’air et le ciel en bas / On serait obligé de marcher sur ce truc bleu, non pas avec les deux pieds mais avec les deux mains / L’avenir serait le passé et hier serait demain… » (extrait de Monde allant vers) C’est ainsi que TagmannamgaT – acronyme de son nom Tilahimena Antonello Geraldi – emmène le public vers son monde à lui, avec toutes sortes de textes, de vidéos et de photos prises au hasard de ses déambulations. « C’est ma première exposition. Une sorte de bilan pour voir où j’en suis dans le slam. J’en ai profité pour mettre autre chose afin d’aider les gens à mieux cerner le personnage de TagmannamgaT. »

Les mots, les images, l’informatique autant de moyen de s’exprimer. Le choix du titre ne s’est pas fait au hasard. « C’est un jeu de mots, mais lourd de sens. Quand on fait un état des lieux, on se pose quelque part, on regarde autour de soi et on se demande où l’on va, d’où le titre. Mais on peut toujours le comprendre comme le monde à l’envers, car je fais toujours les choses différemment. » Le retournement ou détournement des choses familières, telle est sa façon de slamer, jusqu’à se définir comme un VIP du slam – entendez par là  un Very Important Poet. Evoluant dans le milieu de la poésie oratoire depuis 2008 et après avoir remporté la troisième place lors du Championnat du monde de slam à Paris en 2009, TagmannamgaT prône la liberté d’expression la plus totale, dans la pure lignée de l’Américain Marc Smith, l’inventeur du slam dans les années quatre-vingt.

Sa passion pour la littérature et la poésie lui donne cette conviction que le slam peut-être un outil pédagogique pour soutenir l’envie créative des jeunes et les aider à aimer les mots. Il se dit « affamé de textes, de mots, de scènes mais toujours subtils, plutôt drôles, jamais vulgaires ». Telle est sa marque de fabrique. Les thèmes qu’ils abordent ont souvent trait au couple, dans un registre qui est loin d’être à l’eau de rose. « Parler d’amour n’est pas forcément dire je t’aime. On peut aussi aborder les ruptures ou le côté sexuel. Trouver toujours des angles différents pour que le public soit surpris. » Il n’oublie pas pour autant les thèmes sociaux, politiques ou environnementaux. « L’important ce n’est pas le texte, mais la façon de le dire  », estime-t-il.  En attendant le Slam national à la fin de l’année, TagmannamgaT veut se tourner vers une autre  forme oratoire : le spoken word ou parole qui intègre cette fois la musique, chose interdite dans le slam.

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