Sylvain Liu : Une nouvelle ère
1 avril 2016 - ÉcoNo Comment   //   2619 Views   //   N°: 75

Foire d’Asia-IO, la plus grande plateforme économique d’échange entre les pays asiatiques et les pays indianocéaniques, s’est tenu du 17 au 20 mars au parc d’exposition Forello à Tanjombato. Sylvain Liu, vice-président de l’association co-organisatrice Générale Chine-Afrique, nous a parlé durant le salon des enjeux de développement majeurs autour de cet événement. 

Comment voyez-vous cette première édition ?
Comme son nom l’indique, la Foire d’Asia-IO est le rendezvous économique incontournable de cette année. Il est question d’une plateforme économico-commerciale multilatérale dédiée aux rencontres et échanges entre les régions de l’Asie du sud-est et de l’Asie continentale avec Madagascar et les îles de l’Océan indien. Des milliers d’opérateurs venant de 90 pays participent à l’événement, dont 30 % provenant de la Chine. La foire accueille des milliers d’hommes d’affaires de la zone Océan indien dont Maurice, Mayotte, La Réunion, les Seychelles et bien évidemment Madagascar. Ce sont des opérateurs issus de divers secteurs dont l’agrobusiness, la technologie de production, la santé, le bâtiment et aussi de l’e-commerce… Notre association travaille sur la relation entre la Chine et Madagascar. Nous nous occupons donc de solliciter la participation des opérateurs chinois qui s’intéressent d’ailleurs beaucoup au pays. 

Qu’est-ce qui vous a incité à soutenir cette Foire ?
Notre association générale Chine-Afrique, créée en 2014, contribue à renforcer la coopération entre la Chine et l’Afrique en constituant un partenariat économique stratégique. Nous pouvons d’ailleurs saluer la réussite de la coopération sino-africaine dans des pays comme le Kenya, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Mozambique, l’Ouganda, etc., où la Chine a introduit les nouvelles technologies et a fait un transfert d’expérience en implantant une zone économique spéciale. On peut en faire de même pour Madagascar afin de constituer une convergence économique et commerciale gagnante/gagnante. Cela rejoint la volonté du gouvernement d’avoir une approche résolument multilatérale en misant sur la contribution de tous pour appuyer la stratégie de croissance rapide de Madagascar.

Les investisseurs chinois s’intéressent beaucoup au marché africain. Pourquoi ?
La Chine est une des importantes puissances économiques mondiales avec une grande capacité d’investissement et de technologie. Ce pays est désigné depuis trente ans comme la plus grande usine du monde. Toutefois, la maind’oeuvre y est devenue chère et les matières premières importées viennent en majorité d’Afrique, continent riche en ressources naturelles. Pour le cas de Madagascar, on l’appelle le dragon de l’océan indien. Véritable vivier de ressources naturelles mais le moins développé de la zone. Il manque, en effet, les moyens d’investissement et le savoirfaire mais aussi les grandes réformes qui seules peuvent garantir un bon climat des affaires. Il faut donc miser sur le privé pour garantir un véritable développement économique. L’objectif de la Foire d’Asia-IO est donc de conjuguer le pragmatisme asiatique avec les besoins et les potentialités exceptionnelles du pays. Des extensions sont possibles sur les marchés du Sud-Ouest de l’Océan indien, à l’instar de la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe) et du COMESA (Marché commun de l’Afrique orientale et australe).

D’après les observateurs locaux, il s’agit d’une plateforme d’échange qui permettra au secteur privé malgache d’identifier les opportunités d’exportation et d’accès aux marchés asiatiques. Votre avis ?
Effectivement, il est question d’une grande ouverture sur la scène internationale. L’événement permet au secteur privé de promouvoir l’image de Madagascar et de multiplier les contacts et les relations d’affaires entre les opérateurs économiques de la région Océan indien et du continent asiatique. Une occasion à ne pas rater pour inciter à l’investissement. On peut profiter de la venue massive des Chinois pour leur montrer la richesse de nos produits locaux (agricoles, miniers, culturels). D’ailleurs, je trouve que les produits artisanaux malgaches sont très compétitifs sur le marché africain. Les artisans ont un savoirfaire reconnu sur le plan international.

Malgré les difficultés sur le plan macroéconomique, l’économie de Madagascar est en pleine restructuration. L’événement ASIA-IO ambitionne d’être un véritable levier de croissance. De quelle manière ?
Madagascar connaît actuellement une effervescence commerciale et économique animée par le monde des affaires tant au niveau national, régional, qu’international. Durant les quatre jours de cette première édition, des partenariats concrets sont établis, notamment en appui de la conception annoncée de zones économiques spéciales, qui peuvent créer jusqu’à plus de 50 000 emplois et engager Madagascar ainsi que l’espace du Sud-ouest de l’Océan indien vers une nouvelle ère économique. Ce rendez-vous est aussi une opportunité pour l’ensemble des services officiels et institutionnels de diffuser, de communiquer et d’expliquer l’ensemble des règles qui régissent les échanges commerciaux à travers la foire ASIA-IO. Les différentes réglementations, telles que le code minier ou les accords de partenariat, seront expliquées durant un forum économique. L’objectif sera donc de créer une plateforme où se mêleront le B to B et le B to C, pour accompagner les efforts prodigués par le secteur privé, pour mettre Madagascar sur la voie d’un développement économique efficient. Avec l’agence Première ligne nous prévoyons d’organiser un Forum de coopération Chine-Océan indien, toujours ici, pour entamer divers dialogues économiques.

La relation sino-malgache en chiffres
D’après l’ambassadeur de Chine Madagascar, on compte actuellement 60 000 ressortissants chinois dans le pays, soit quatre fois plus que les ressortissants français.

Selon les chiffres de l’INSTAT (service d’évaluation nationale de la statistique), la Chine est le premier importateur à Madagascar, avec 225 000 tonnes pour 1 127 milliards Ar.

Évaluation des exportations effectuées par Madagascar vers la Chine en 2015 : 216 000 tonnes pour 333 milliards Ar. En terme de valeur, la Chine se trouve au quatrième rang derrière la France, les États- Unis et l’Allemagne.

Les échanges commerciaux constituent un volume de 668 millions de dollars en 2015, soit une augmentation de 10 % par rapport à l’année précédente, La Chine est devenue le premier partenaire commercial de Madagascar.  

Propos recueillis par #PriscaRananjarison

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