Sisal : Séropos comme ils disent
15 décembre 2014 - SantéNo Comment   //   2741 Views   //   N°: 59

À madagascar, être séropositif reste encore un sujet tabou. Le regard que porte la société sur le virus ViH est fialement plus dur à supporter que la maladie ellemême. Grâce à l’action sur le terrain de l’association sisal (sambatra izay salama), la condition des personnes vivant avec le ViH est cependant en train de changer.

D’après l’ONUSIDA (programme de l’ONU destiné à coordonner les actions delutte contre la pandémie du VIH/sida), 35,3 millions de personnes vivaient avec le VIH (virus de l’immunodéfiience humaine) en 2012 dans le monde. Selon le Dr Andry Rasoloarimanana, coordinateur au dispensaire Sisal (Sambatra Izay Salama/Heureux celui qui est en bonne santé) aux 67 Ha, Madagascar fait état de 1 162 cas de personnes vivant avec ce virus responsable du sida (syndrome d’immunodéfiience acquise), la maladie proprement dite caractérisée par un affaiblissement du système immunitaire. Pourtant, en 2012, l’ONUSIDA estimait le chiffre des personnes porteuses du VIH ou séropositives à 59 000 pour Madagascar «Cette grande disparité entre les chiffres prouve que peu de gens prennent l’initiative de faire un dépistage, alors que c’est le seul moyen de savoir si l’on est touché par le virus et de pouvoir le combattre. Il faut savoir que la maladie ne se voit pas de l’extérieur. »

Depuis la création de Sisal en 2000, et le début de ses activités de prise en charge de l’IST (infection sexuellement transmissible) VIH-sida en 2005, 160 personnes sont passées au dispensaire. Sans distinction de sexe, d’âge ou de classe sociale mais les hommes restent plus nombreux, étant plus actifs sexuellement. «Ce sont les Malgaches entre 25 et 35 ans qui sont les plus exposés contrairement à La Réunion, où ce sont plutôt les personnes âgées qui sont porteuses du virus. La raison est que chez nous, cette tranche d’âge a des besoins sexuels importants. » C’est le cas de Tolotra (prénom fitif), 26 ans, séropositif depuis quatre ans. «En 2010, j’ai décidé de faire un dépistage parce que j’étais très actif sexuellement et certains de mes amis me recommandaient de le faire. Quand on me l’a annoncé, j’étais sous le choc parce j’avais peu d’informations sur le virus. » Aujourd’hui, grâce à la trithérapie, il le vit bien et fait partie des animateurs de santé au sein de Sisal avec des séances de partage d’expériences deux fois par mois.

À cause du manque de sensibilisation et d’informations au niveau de la population, surtout des jeunes qui sont les plus vulnérables, le sida est encore mal perçu. La mission de Sisal est précisément d’intervenir en ce domaine, que ce soit dans la capitale ou à Toliara, où le centre est également implanté, à travers des soins, des visites à domicile, des repas communautaires et des partages d’expériences. «Si une personne vivant avec le VIH suit correctement les traitements antiviraux ou trithérapie pour stabiliser le virus, il n’y a aucune raison de s’alarmer quant à ses conditions de vie. Elle peut vivre et travailler normalement», souligne le Dr Andry Rasoloarimanana.

Si la maladie est mieux maîtrisée quand l’accès aux soins est facilité, la grande problématique reste le regard de la société par rapport aux personnes infectées. Le Dr Andry Rasoarimalala incite les personnes séropositives à partager leur statut sérologique avec leur entourage afi qu’il les soutienne, mais les risques de marginalisation sont bien réels. «Je n’ai encore rien dit à mes parents sur mon état de santé. Ils ne pourront jamais accepter ma maladie, j’ai peur de leurs réactions, qu’ils me rejettent tout simplement», confi Tolotra. Son cas n’est pas isolé. Tanjona (prénom fitif), 28 ans, également animateur au sein du Sisal, est séropositif depuis cinq ans. «J’essaye de ne pas penser à la maladie, mais je sais qu’elle est là, je vis avec. Je n’ai rien dit à mon entourage. J’ai toujours une vie sexuelle, mais je me protège. » Malgré leur état de santé, Tanjona et Tolotra sont des personnes comme les autres, tous deux sont grands et plutôt baraqués. Ils croient en l’avenir, en un avenir où le sida sera vaincu.

 

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