Sens plastique : Allez les filles !
29 juin 2016 - Cultures Sens plastiqueNo Comment   //   1694 Views   //   N°: 78

L’IKM, centre culturel malgache, présentait en mai dernier la première exposition d’Idah, intitulée Imaginarium. Cette jeune bédéiste (et danseuse), qui dessine depuis l’enfance et se consacre surtout à la bande dessinée depuis cinq ans, s’est formée au contact des membres de l’association Tantsary, parallèlement à des études hispaniques puis un cursus en didactique des langues étrangères.

Mais si l’ouverture à d’autres cultures se dessine au fil de ses études académiques, le projet de BD présenté à l’IKM est résolument antananarivien, et plutôt porté à sensibiliser au respect de la nature. Imaginarium selon Idah, c’est un projet d’une quarantaine de planches, dont dix seulement furent exposées à l’IKM. Il se compose de plusieurs histoires indépendantes, qui se déroulent toutes à Antananarivo, et qui cherchent, par l’hyperbole et l’exagération, à attirer l’attention sur la nécessité d’une éducation au respect de l’environnement.

Idah souhaite selon ses termes inspirer les gens, toucher les âmes, chambouler les choses à Antananarivo. Les dix planches présentées ont été réalisées en deux mois et elle a été sollicitée par l’équipe de l’IKM pour présenter la première histoire, au dessin déjà abouti. Idah travaille d’abord en croquis pris sur le vif, puis elle complète à l’aquarelle, au pastel, et parfois avec du dessin numérique. Habitant dans une cité, elle ne dispose que d’un petit espace vert, mais son intérêt se porte vers des conceptions proches de la permaculture, qui vise à l’autosuffisance alimentaire par la culture de surfaces réduites. Toujours active dans l’association Tantsary, elle s’implique naturellement dans l’organisation du festival Gasy Bulles qui se tient chaque année en juin dans les centres culturels de Tana, et a animé à cette occasion un atelier de BD pour les enfants. Mais juin est aussi l’occasion de présenter un autre pan de son travail à l’IKM, une exposition féministe, en collectif cette fois.

Plus ancienne dans le monde de l’art, et tout aussi enthousiaste, Yasmine Fidimalala s’est tournée du côté de la peinture qu’elle pratique, depuis 18 ans dit-elle, avec de la persévérance et non sans quelques désillusions sur la gent masculine. Très marquée par la personnalité de son père, militaire qui lui permit de voyager dans tout Madagascar durant son enfance, elle rend aujourd’hui hommage aux femmes, à leur douceur, à leur détermination, à leur fidélité aussi. Sa fille est naturellement son plus grand soutien, et elle révèle volontiers que la plupart de ses toiles sont acquises par des admiratrices. Yasmine aime faire la part belle aux couleurs et aux matières et défend aprement sa liberté de vivre et de créer. Les portraits féminins « au corps parfait » abondent dans sa collection, mais elle se laisse aussi tenter par des aquarelles vives, scènes de plage ou de village. À l’occasion, elle pratique également le body-painting sur ses amies, mises en confiance par son talent et son expérience d’esthéticienne. Sa dernière exposition s’intitule Les couleurs d’aimer et distille la lumière avec la générosité propre à l’artiste. 

par #SophieBazin

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