Sandra Rajoharison
2 septembre 2014 - PortfolioNo Comment   //   3249 Views   //   N°: 56

Les couleurs de l’Afrique

Si elle interroge avec passion ses origines africaines, son inspiration n’est jamais très loin de l’art des tatouages polynésiens, cette autre mémoire d’elle-même. Une peinture métisse, sauvage et essentielle, célébrée en dehors de tout académisme.

Se définissant comme quelqu’un qui travaille au feeling, Sandra Rajoharison est animée du souci constant de renvoyer aux origines : « Là d’où l’on vient, le continent africain, l’indigénat, ce peuple plus ou moins sauvage qu’on est en train d’oublier, cette ancienneté… » Africaine donc, mais néanmoins inspirée par l’art des tatouages polynésiens auquel ses toiles peintes avec des pigments naturels, de l’acrylique et de la peinture fluo, font sans cesse références. « De par mes origines Antemoro et Vezo, je me sens également reliée à cette composante asiatique. Mes toiles sont comme des bouteilles à la mer, lancées par ces lointains ancêtres qui auraient dérivé sur les plages agitées de mon enfance… »

Entrée en peinture sans formation académique, ce n’est qu’à 37 ans, au début de l’année 2014, qu’elle se lance vraiment dans l’aventure de la couleur. « En février dernier, j’ai eu l’occasion d’aider le peintre Erick Monjour pour son exposition Retour à Tana à l’Is’art Galerie. Tandis qu’il faisait les dessins, je l’assistais dans la colorisation de certains de ses tableaux, et c’est ainsi que l’envie de créer par moi-même m’est venue. » Si le peintre français – né à Tana – a su l’initier en quelques semaines à ce qu’il y a de plus up to date dans l’art contemporain, elle doit à sa longue amitié avec Mahefa Rasamuel, qu’elle a souvent assisté dans ses vernissages, cette sensibilité jamais démentie pour la couleur. Et le résultat, ce ne sont pas moins de 13 toiles qu’elle va peindre en trois mois !

 

Naturellement portée à l’abstraction, elle fait montre d’un sens très sûr au niveau de l’association des couleurs, qu’elle chamanise en quelque sorte. « Eau, air, feu, terre, les éléments ont leurs couleurs et les combiner les uns les autres relève d’une alchimie totale. J’aime particulièrement le rouge : le feu, la colère, la vie.

Tout vient du rouge. » En vue de sa première exposition, elle travaille sur le thème Time for Africa. Un symbolisme haut en couleurs, comme cette toile rassemblant une cinquantaine de drapeaux africains, dont celui de Madagascar, avec le visage de « l’Afrique noire indigène au centre ».

 Une Afrique rêvée, aimée, passionnément interrogée avec cette déferlante de couleurs qui est déjà sa signature. Art brut, art sauvage. Art tout court.

Contact:

034 95 319 63  / 032 74 752 44

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