Rosinie « Heureuse et apaisée »
3 février 2015 - DiasporaNo Comment   //   1871 Views   //   N°: 61

Rosinie Randriantanany, 32 ans, aide-soignante en maison de retraite, vit en Ardèche depuis quelques années. Originaire de Toliara, elle est arrivée en France adolescente. Même si l’odeur du pays lui manque, aujourd’hui, elle est heureuse dans sa vie et fière de ce qu’elle a accompli. 

La mère est Karana, le père Tanosy de Toliara et Rosinie leur aînée. Dès son plus âge, les  parents  veulent  la  « protéger » et la scolarisent chez les soeurs du Père Barré : « Ils voulaient que j’aie une bonne éducation, que je sache me débrouiller dans la vie : catéchisme, ménage, couture, cuisine… » Elle restera en internat jusqu’à l’adolescence. Quand le père tombe malade, il se soigne en France et la famille le convainc de faire venir son aînée. Rosinie a treize ans quand elle arrive en proche banlieue, à Poissy, chez une cousine : « C’était au mois de décembre, il faisait froid, tout était grand, fermé, j’avais l’impression qu’on m’enfermait encore. Je me sentais seule mais ma cousine et son mari m’ont beaucoup soutenue. » 

Sa plus grande difficulté a été de parler français : « Il fallait que je m’adapte, je ne connaissais rien, je ne parlais pas le français couramment, c’était un blocage. » Rapidement inscrite dans un centre de formation professionnelle pour les étrangers, en commerce, pendant trois ans, elle en sort avec une qualification qui lui permet de s’insérer rapidement : « De 14 à 17 ans, j’ai appris le métier de vendeuse puis celui de caissière avec beaucoup de stages en entreprise. C’est là que j’ai découvert le monde extérieur. » Elle a 17 ans, rencontre un jeune homme, quitte sa famille et s’installe à Dreux. Pendant quatre ans, elle travaille comme femme de ménage, aide à domicile et baby-sitter.

Cette histoire tourne court : « Je suis allée ensuite en Haute-Savoie, dans ma famille. J’ai travaillé comme aide à domicile puis dans une maison de retraite avant de devenir gouvernante, dans une résidence privée, à Megève et j’habitais à Sallanches. L’hiver, il fait parfois -10, -15 °C mais on s’adapte ! » Des amis l’incitent  à s’inscrire sur un site de rencontres et le  troisième  homme est  le bon : « C’était il y a deux ans et demi.  Pendant les deux trois  premiers mois, on se  téléphonait  régulièrement puis je suis venue  en  Ardèche les week-ends. » Six mois plus  tard, Rosinie et Christophe emménagent au lieu-dit Les Reynauds, sur la commune ardéchoise de  Félines : « Ça coûtait trop cher le transport, il fallait prendre une décision. On a d’abord vécu chez la belle-famille puis on a transformé la grange d’en face en maison. »

Rosinie est « heureuse » et « apaisée » : la petite Maeva a 21 mois, sa maman est de nouveau enceinte et le mariage avec Christophe est « prévu pour bientôt » : « Ma vie est là, ici c’est chez moi, j’ai ma petite famille, une maison et un travail. Qu’est-ce que je pourrais vouloir de plus ? » Vingt ans ou presque que Rosinie est en France ; elle n’est retournée que deux fois à Madagascar, pour les vacances, mais ses enfants sont sa  priorité : « La chaleur, la mer et l’odeur du pays me manquent, la famille aussi. C’est sacré la famille ! Un Malgache seul, ça n’existe pas. On ira quand les enfants auront grandi ; mon compagnon veut découvrir le pays. »

Texte et photo #ChristopheGallaire 

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