Riz : le prix fort de la spéculation
1 mars 2018 - TribuneNo Comment   //   2033 Views   //   N°: 98
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L’explosion du prix du riz (hausse de 50 % en quatre ans) frappe là où ça fait le plus mal. Dans l’assiette et dans le porte-monnaie des consommateurs. Entre autres dysfonctionnements, le travail de sape des spéculateurs de tous ordres, intermédiaires et collecteurs de riz.

Le prix du riz « makalioka » est passé de 1 550 ariary le kilo en 2013 à 2 500 ariary en 2017 et celui du « vary gasy » de 1 400 ar à 2 500 ar, soit une hausse de presque 50 %. Cette année encore, on n’est pas à l’abri de nos inquiétudes. Oui, il y a la baisse de la production, les aléas climatiques, la hausse du prix du carburant et le faible taux de l’ariary face aux devises étrangères. Mais l’inflation est surtout accentuée par les sales magouilles de la spéculation.

Ce sont les intermédiaires et les collecteurs de riz qui sont à l’origine de cette hausse. Ils profitent de l’insécurité qui règne dans les campagnes, du mauvais état des routes et de l’enclavement des zones de production rizicole pour faire leurs sales affaires. Ils achètent à très bas prix des tonnes de riz, les stockent et les distribuent aux grossistes à des prix élevés. Ils ne sont pas les seuls à être montrés du doigt. C’est en fait toute une filière à assainir puisqu’on assiste actuellement à un fort dysfonctionnement dans la régulation et le contrôle des prix.

La production rizicole locale n’arriverait plus à répondre aux besoins de la population. Pour éviter la pénurie, le ministère du Commerce et de la Consommation mise sur une importation massive de la denrée. Ainsi, Madagascar a importé jusqu’à 500 000 tonnes de riz l’année dernière, deux fois plus qu’en période normale. Les importateurs y trouvent bien sûr leur compte. Pourtant, la production locale pourrait suffire à elle-même si l’État s’en donnait les moyens.

Le fait d’importer systématiquement et annuellement va à l’encontre de la politique d’amélioration de la production locale. C’est anticoncurrentiel d’après la loi sur la concurrence en vigueur et cela ne contribue aucunement à l’amélioration du niveau de vie des paysans malgaches. L’importation de riz soulage seulement à court terme les consommateurs. C’est paradoxal mais le problème commun, qu’il soit paysan ou consommateur, est le faible pouvoir d’achat et malheureusement, c’est toute la politique économique de l’État qui fait défaut.

Pour assainir la filière il y a tant à faire. Comme faciliter la production de riz à grande échelle, sur un mode industriel, étant donné qu’il y a encore pas mal de surfaces à cultiver à Madagascar. Ou encore l’octroi de matériels agricoles aux paysans et l’obligation pour ces derniers de faire une culture intensive afin de produire plus à l’hectare. Sans oublier le renforcement de la sécurité dans les zones de production, le contrôle strict de la Plate-forme de concertation et de pilotage (PCP) de la filière riz (Pcpriz), de la production à la consommation, l’uniformisation du prix du paddy dans les campagnes, la fixation du prix du transport selon les zones concernées ou la fixation de la marge bénéficiaire maximale de la filière riz du grossiste au détaillant. Bref, c’est toute la filière qui est à restructurer. La balle est dans le camp de ceux qui ont les leviers pour agir, nos gouvernants.

Tiana Rabarison
Président du Fimzompam

Créé en 2000, le Fikambanana miaro ny zon’ny mpanjifa malagasy (Fimzompam) a pour objectif de défendre les droits des usagers et consommateurs suivant la Loi 2015-014.

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