Resaka Ambany Kily – Conversation sous le tamarinier : ONG pourquoi faire ?
9 avril 2018 - Grand AngleNo Comment   //   2480 Views   //   N°: 99

Étrange paradoxe. Alors que des millions de dollars et des milliers de tonnes d’aides se sont déjà échoués sur les côtes de la Grande Île, rien ou presque n’a changé au niveau des populations. Juste un peu plus de beaux 4 x 4 au milieu de la misère. Vous avez dit ONG ?

Des années consécutives de sécheresse continuent à faire des ravages dans les tribus du sud de Madagascar. Alors que l’exploitation de la forêt et l’agriculture sont les principales sources de nourritures, aujourd’hui 48 % des enfants du sud de l’île – un sur deux – souffrent de malnutrition chronique. Pendant ce temps, l’eau est transportée du puits à la maison par les femmes ou les enfants, parfois jusqu’à un kilomètre de distance. Avec l’instabilité politique au niveau de l’État, la seule aide qui reste à la population est ce qu’elle peut obtenir des organisations non gouvernementales, les ONG.

Une ONG, ou société civile, est créée par des personnes qui ne font pas partie des pouvoirs publics, de l’administration. Elle collecte des fonds à partir des cotisations des membres, mais auss I par des actions à but lucratif et des subventions gouvernementales ou privées. Les donateurs bénéficient souvent de réductions d’impôts pour leurs dons, ce qui incite à la générosité.

Mais le prix à payer pour un financement est souvent la liberté. Les ONG sont naturellement contrôlées et influencées par leurs donateurs, surtout s’il s’agit d’un financement gouvernemental à visée nettement politique. En fait, la plupart des échecs d’ONG sont dus à des problèmes de financement et à une action contraire à l’éthique qui découle de cette dépendance.

Les ONG sont souvent confondues avec des organisations à but non lucratif (OBNL). Une ONG peut être une OBNL, mais la grosse différence est que les ONG divisent les fonds « supplémentaires » entre leurs actionnaires et leurs propriétaires. Du fait de ces recettes, les ONG peuvent être des affaires juteuse, certaines rentrant un milliard de dollars ou plus par an. Pas étonnant alors s’il existe aujourd’hui plus de 40 000 ONG dans le monde. À Madagascar, pays avec peu ou pas de plans de développement, on en comptait 789 en 2013.

Dans le Sud où les traditions dictent de nombreux aspects de la vie et de la mort des individus, la modernité n’est pas toujours la bienvenue et la résistance au changement fait échouer bien des projets. Ce qui n’empêche que beaucoup voient dans les ONG des vaches à lait apportant 4 x 4 flambant neufs, dons en argent ou en nature (nourriture, médicaments, matériaux de construction, bétail, outils, semences, etc). Objectif, les traire au maximum, quitte à faire un très mauvais boulot sur le terrain ou pas de boulot du tout !

De leur côté, les bénéficiaires ne savent pas toujours que lorsqu’ils acceptent l’aide d’une ONG, ils soutiennent et participent à un système opaque où l’enjeu est finalement de se faire de l’argent sur leur dos Cet article et ces photographies sont dédiés à ceux qui voient dans la solidarité un chemin vers le progrès. Qui sont activement impliqués dans leurs communautés sans l’influence de forces ou de joueurs extérieurs. Qui sont motivés par le changement pour le bien de tous.

Photos et texte : #ZanakynyLalana

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