Olivier Branchereau
13 octobre 2014 - MusiquesNo Comment   //   2225 Views   //   N°: 57

Rock à Mayotte

Avec un pied à Mayotte et l’autre à La Réunion, le Bacar distille un rock transîlien aux sonorités « duby punk » très assumées. Olivier Branchereau, le guitariste, nous en dit plus sur ce groupe atypique officiant entre poésie et brutalité.

Parle-nous du Bacar…

C’est un groupe de rock qu’on a créé il y a dix ans en jouant dans les bars de Mayotte.

Aujourd’hui on tourne à six musiciens. Une partie vit à Mayotte, l’autre à La Réunion, ce qui nous amène à nous produire indifféremment dans ces deux îles. Mais on a aussi fait Madajazzcar en 2006 ; on est un groupe de l’océan Indien, on revendique cette identité transîlienne.

Le nom de Bacar vient du prénom mahorais Aboubacard très répandu à Mayotte, comme Andry ou Rado ici. En fait, c’était le surnom du batteur et on a trouvé qu’il sonnait bien.

C’est quoi votre concept de « chansons duby punk » ?

C’est un mélange de chansons à texte de dub, de rock et d’électro. Entre poésie et brutalité, on va dire. On n’a pas choisi de faire ce genre de musique, elle s’est imposée à nous comme une évidence ; c’est ce qui porte le mieux notre univers. Les chansons sont écrites par Marco le chanteur dans la continuité des Gainsbourg, Lavilliers, Brassens avec des paroles très surréalistes qui parlent du quotidien. Foutu dimanche enregistré en 2012 en est un bon exemple. Côté punk on est influencés par le minimalisme des Ramones, et côté dub par le groupe français Zenzile, surtout dans le travail du son.

Tous vos albums sont autoproduits…

Par ces temps difficiles, c’est la seule solution, d’autant qu’on ne fait aucune concession artistique. On fait ce qu’on aime, et c’est tout. Pour notre premier album Funambule en 2006, on a choisi de mettre beaucoup de cuivres, saxophone et trompette. Mais pour le deuxième, Le Bacar, sorti en 2012, on est revenus à un format beaucoup plus rock. On l’a sorti grâce à un financement alternatif sur le site de crowfunding KissKissBankBank. Les fans se sont cotisés selon leurs moyens et les fonds récoltés nous ont permis de faire l’enregistrement à La Réunion et le mixage à Londres. La preuve que l’industrie du disque n’est pas une fin en soi.

Propos recueillis par #AinaZoRaberanto

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