Nathie : Elle fait de l’effet !
Une tête de zombi, un visage tuméfié, des traces de balle, elle peut tout faire ! Il lui faut juste un peu de latex et beaucoup d’imagination. Car Nathie est maquilleuse d’effets spéciaux pour le cinéma, avec pas moins d’une quinzaine de films locaux à son palmarès. Pour faire la gueule, comptez sur elle…
Derrière sa timidité et son petit gabarit, Lovasoa Nathalie Randriantsalama dit Nathie cache une grande passionnée de films d’horreur et de maquillage gore en tous genres. Des domaines qu’elle maîtrise à la perfection car elle est de son état maquilleuse de cinéma. « J’ai toujours été fan de cinéma fantastique, avec une admiration particulière pour les transformations d’acteurs dans les films d’horreur, mais je n’imaginais pas que ce serait possible de faire ça chez nous. » Coiffeuse de formation, elle met le pied à l’étrier en 2011 en participant à un atelier cinéma animé par Laurenza Macarty, une maquilleuse spécialiste des effets spéciaux, originaire de La Réunion.
Fort de ce bagage, elle participe à trois kinos, des films très courts projetés au Café de la Gare à Soarano, qui lui permettent de se faire connaître des cinéastes locaux. Mais son truc reste plus que jamais le maquillage à effets spéciaux qui, évidemment, ne s’enseigne pas à Madagascar. « J’ai suivi des tutoriaux sur le Net avec l’aide et les conseils avisés de professionnels comme Dounia Loud, Olivier Afonso ou Fred Blamir. Puis j’ai peu à peu développé mes propres méthodes de travail. »
Analyser et décrypter les films est son travail quotidien. Ses références, le cinéma fantastique des années 80 et 90 comme La sentinelle des maudits d’Arnaud Desplechin, La Possession de Paul Twist, et surtout une séquence de L’enfant miroir de Philip Ridley. « Je m’intéresse beaucoup aux raccords de maquillage. Visionner tous ces films permet de faire fonctionner son imagination et son sens artistique, car le but est toujours d’aller plus loin, pas seulement de copier. »
La création d’un « personnage » – monstre, vampire ou grand blessé – débute évidemment par le scénario et la demande du réalisateur, mais l’apport esthétique du maquilleur est capital, car c’est lui qui va donner des traits à ce qui n’est encore qu’une fiction. Que serait E.T. ou Frankestein ou Dracula sans le travail des maquilleurs qui leur ont littéralement donné leurs traits ? Dans Elo Mainty d’Andry Rarivonandrasana, par exemple, Natie s’est retrouvée avec plein d’effets spéciaux à réaliser, comme des plaies, des blessures par balle et du sang partout.
« Il faut d’abord dessiner sur papier l’effet à créer, puis sculpter une maquette, mouler des prothèses avec du latex, les poser sur le visage ou le corps et passer enfin au maquillage. Les matériaux sont différents pour chaque personnage et chaque effet recherché. »
Dans la réalisation d’un long ou courtmétrage, elle se retrouve sur tous les fronts : coiffeuse, maquilleuse, costumière, scripte, il faut être polyvalente et toujours au service du personnage que l’on crée. « Le métier de maquilleuse est encore mal considéré chez nous. Il m’est déjà arrivé de travailler avec des personnes qui ne comprenaient pas pourquoi une maquilleuse s’arrogeait le droit de demander une rémunération dans le cadre d’un film. Notre contribution en terme de créativité est trop souvent sous-évaluée, mais c’est en train d’évoluer, comme le cinéma malgache en général. »
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