Nabil Jaffar : « Rien ne m’a été apporté sur un plateau »
29 mai 2017 - Comores DiasporaNo Comment   //   3080 Views   //   N°: 88

Paru en mars 2017, « Comores Magazine » se veut le premier magazine comorien à vocation indianocéanique. Son objectif ? Insuffler l’envie de réussir et installer une plus grande proximité entre les jeunes talents de la sous-région. La parole à Nabil Jaffar, le fondateur du magazine.

Pourquoi « Comores Magazine » ?
La ligne éditoriale est la valorisation des jeunes talents comoriens et plus généralement de tous ceux de la sous-région. Pour le premier numéro on a retenu l’écrivain Ali Zamir : en raflant le prix Senghor et le prix Mandela pour son premier roman Anguille sous roche, il porte la littérature comorienne à de nouveaux sommets et enrichit d’autant celle des autres îles. Pour le prochain numéro à paraître le 30 mai, nous mettrons le projecteur sur Moutui Abdou Salam, le plus jeune docteur en mathématiques et enseignant chercheur à l’Université Roi Fayçal d’Arabie Saoudite. Il a décroché son doctorat dans une université marocaine en 2014, il avait juste 24 ans. « Apprendre, oser et croire », c’est notre leitmotiv, quelles que soient les vicissitudes politiques ou administratives qui, d’un pays à l’autre, ont tendance à décourager les talents, à tuer l’envie de réussir.

Tu parles pour toi ?
Rien ne m’a été apporté sur un plateau. Comores Magazine est le fruit de bien des efforts et de bien des déconvenues. Après le Bac, j’ai appris la mécanique à Madagascar, à Mahajanga au CFP Onja. Ensuite, j’ai bossé sur des navires. Le soir, je lisais Hugo, Beckett, Slemia Ben Daoud, Henri de Bauvin… L’envie de savoir. Après quelques mois, j’ai abandonné la mer et j’ai commencé à travailler pour un quotidien anjouanais pendant 15 mois. En 2011, l’ancien correspondant de RFI aux Comores, Ahmed Abdallah Mguéni, m’a contacté pour m’embarquer dans un autre quotidien La Gazette des Comores où je suis resté pratiquement cinq ans. En parallèle, un autre ami m’a confié la page Anjouan pour le trimestriel Karibu-Magazine, devenu Karibu-Hebdo en 2013. En janvier 2016, j’ai eu l’idée de créer mon agence de diffusion et de communication M.A-Médias, et c’est ainsi qu’est née l’idée de lancer mon propre magazine.

Concrètement, comment t’y es-tu pris ?
J’ai commencé à travailler le concept avec des amis journalistes comoriens ou originaires d’autres pays de la région. J’ai eu la chance de suivre une formation de journalisme dispensée par Loïc Harvouet, ancien directeur de l’École de journalisme de Lille et du quotidien Ouest France, dans le cadre d’Africamédia ; ça m’a pas mal aidé à structurer mon projet. Pour le financement, j’ai fait appel à une structure de microfinance comorienne, la Mutuelle d’épargne et crédit Ya Komori (Meck). Pour l’instant, les réactions sont mitigées et j’ai eu droit à ma panoplie de critiques. Il n’empêche que les numéros sont bien partis, c’est la preuve qu’il y a un véritable lectorat chez nous qui attend qu’on le sorte de son isolement.

Propos recueillis par #MourchidiMoussafiri

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