Mystère mortel
21 février 2018 - À lire Cultures Livre du moisNo Comment   //   1968 Views   //   N°: 97

En 2013, au Sénat français, Raharimanana parlait de l’insurrection de 1947 lors d’une rencontre sur quelques « Chapitres oubliés de l’Histoire de France ». A la tribune, Didier Daeninckx lui avait succédé pour évoquer l’insurrection de 1878 en Nouvelle-Calédonie. L’auteur de Meurtres pour mémoire s’intéresse depuis longtemps au fait colonial et Madagascar, où il a fait un bref séjour il y a une dizaine d’années, appartient au champ de ses préoccupations. Dans L’École des colonies, publié en 2015 chez Hoëbeke, il imaginait un réseau d’amis, tous enseignants dans les colonies, échangeant leurs impressions dans leur correspondance sur les régions du monde où ils se trouvent, de 1945 à… 1947. Patrick, à Madagascar, avait ainsi l’occasion de s’interroger sur l’insurrection dont Raharimanana avait fait, au Sénat, le cœur de son propos.

Didier Daeninckx avait déjà abordé cette époque dans un bref roman pour la jeunesse paru en 1998 et réédité récemment dans la troisième série de ses Novellas où un de ses éditeurs a regroupé ses romans courts – ou nouvelles longues, au choix.

La couleur du noir est une enquête policière assez confuse au cœur de laquelle se trouve le meurtre d’un éditeur de polars. Victor Granic a été retrouvé, le crâne défoncé, au sous-sol de ses bureaux où sont stockés les manuscrits, avec autour de lui les pages éparpillées de quelques-uns de ceux-ci.

Qui a tué Victor Granic et pourquoi ? Hypothèse : un auteur refusé et assez furieux pour se venger sur le patron d’Intérieur noir. En poursuivant le raisonnement, il est probable que l’auteur a emporté son manuscrit dans l’espoir de ne pas laisser de traces. Mais il en manque trois… L’attention se concentre sur un texte « classé sous X », c’est-à-dire sans signature. La lecture de Kiangara avait été confiée à Borde-Navel, qui en a gardé un souvenir précis : « L’auteur raconte l’installation d’un jeune instituteur français dans un village du centre de Madagascar, son idylle contrariée avec une princesse malgache, juste après la Deuxième Guerre mondiale. Le roman baigne dans une atmosphère de crimes rituels, de magie,de croyances, avec une grande présence de la nature. Il y a aussi des passages très violents qui décrivent des scènes de guerre entre les insurgés malgaches et l’armée française… »

On est en 1947, en présence d’un véritable criminel de guerre, le lieutenant De Bronvale, un salaud qui réussira à fuir vers le Mozambique. David Cholon, l’instituteur en qui le lecteur du manuscrit pressent un double de l’auteur inconnu, est un justicier qui ne parvient pas à rendre la justice. L’histoire serait-elle la transposition d’événements réels ? Toute la question est là. Mais il ne nous appartient pas de fournir la réponse…

Didier Daeninckx, « La couleur du noir », in : Novellas 3. Cherche midi, 460 p., 21 €.

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