Mistohi Abdillahi : Grandir ou mourir
2 mars 2016 - Comores DiasporaNo Comment   //   2373 Views   //   N°: 74

Écrivain et sociologue, Mistoihi Abdillahi est considéré comme l’icône d’une jeunesse désireuse de changements dans la société comorienne. Son combat contre les inégalités sociales et l’oppression des dirigeants envers le peuple lui a valu d’être le sociologue le plus apprécié du pays. 

Comment vous est venue l’idée d’écrire ?
Depuis mon jeune âge je vis des choses dramatiques et incompréhensibles, même au sein de ma famille. Je voulais les partager et ne pouvais rompre le silence qu’à travers l’écriture. Lorsque j’écris c’est pour dénoncer et conscientiser. Dans mon premier ouvrage Honneur ou bonheur ? c’était la conscientisation des Comoriens en général, des intellectuels en particulier, que je visais. Il s’agissait de signifier au public que certaines valeurs traditionnelles sont appelées à disparaître parce qu’elles sont incompatibles avec les réalités sociales. 

De quoi traite votre deuxième ouvrage ?
Dans Grandir ou mourir je caractérise le Comorien et sa société. Celle-ci est le reflet d’un homme décrit comme égoïste, méchant et haineux. Dans ce cadre, vouloir se distinguer, c’est déclarer la guerre même à ses proches, sauf si cette distinction est légitimée par des moyens sales ou illégaux. 

Alors, pour vivre avec des Comoriens, il faut savoir faire un choix : mourir en acceptant les règles sociales qui veulent que vous restiez comme les autres, ou grandir en défiant la société et en ne regardant que la finalité. Ainsi mon livre est venu encourager ceux qui veulent réussir, en leur permettant de se rendre compte que la réussite n’a rien à voir avec ce à quoi on s’attend. 

Parlez-nous de la littérature comorienne
Jusqu’à une date récente, seules quelques personnes avaient le monopole de la littérature. Aujourd’hui, de nombreux jeunes se lancent et les librairies sont inondées d’ouvrages écrits par des Comoriens. Et il est heureux de constater qu’il y en a parmi eux qui ont du talent. Je peux citer entre autres Omar Zaid ou Nadjloudine Abdelfatah. Mais il est regrettable que Moroni ne dispose pas d’une maison d’édition qui permettrait à d’autres de se lancer.

Un message ?
Les jeunes Malgaches et Comoriens devraient se rendre compte qu’ils ont presque le même destin. Je suis convaincu que, comme le confirme l’histoire des deux pays, l’un ne se développera pas sans l’autre. Que les jeunes acceptent de s’aimer et de marcher ensemble ! Je suis persuadé que malgré la mauvaise coopération diplomatique entre les deux pays, ce qui unit les Comoriens et les Malgaches est plus fort que ce qui les sépare. Il est déplorable que tous les ressortissants étrangers puissent entrer à Madagascar et y séjourner presque quinze jours sans prendre au préalable un visa d’entrée, les Comoriens exceptés. Comme s’ils étaient les seuls à pouvoir déstabiliser le pays !

Propos recueillis par #MoussafiriMourchidi

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