Microsoft Madagascar : Macropiraterie
24 mai 2016 - High TechNo Comment   //   3124 Views   //   N°: 77

Pourquoi payer un software si cher alors qu’on peut l’obtenir gratuitement ? Une mentalité difficile à changer dans un pays comme Madagascar où le taux de piratage de logiciel est estimé à 80 %. Le géant américain Microsoft, qui en est la première victime, tire la sonnette d’alarme sur ce fléau. 

L’Afrique est la championne de la contrefaçon de logiciels. Neufs logiciels Microsoft sur dix y sont piratés. Le chiffre est quasi identique à Madagascar où la contrefaçon gagne toutes les couches de la société, les revendeurs et les clients, qu’ils soient des entreprises ou des particuliers. « Le phénomène du piratage est plus accentué à Madagascar qu’à Maurice ou à la Réunion. Le taux de piratage informatique tourne autour de 80 % », confie Carole Rakotondrainibe, responsable de Microsoft océan Indien à Madagascar. Faiblesse du pouvoir d’achat ou ignorance totale de l’importance de la propriété intellectuelle ? En tout cas, sur l’Internet ou dans la rue, des copies illégales de logiciels protégés se téléchargent ou se vendent comme des petits pains. « Les logiciels les plus populaires comme le système d’exploitation Windows ou la suite bureautique Office, et bien d’autres applications comme Photoshop, Illustrator, 3ds Max, etc. sont vendus sur des DVD ou via des clés USB. Sur la toile, il suffit de télécharger le crack des logiciels (code d’activation ou fichier exécutable) et le tour est joué », déplore-t-elle.

Et d’ajouter : « Les risques encourus sont pourtant considérables. Une étude effectuée par Microsoft et International Data Corporation a démontré que la probabilité d’infection par des virus ou par des logiciels malveillants qui s’installent en même temps que la contrefaçon est d’une sur trois pour les particuliers et de trois sur dix pour les entreprises. Dans ces dernières, 65 % des pannes informatiques sont dues aux malwares, ce qui débouche sur des dépenses imprévues. » En plus de faire de la concurrence déloyale aux commerces légitimes, dans certains cas l’installation de logiciels contrefaits profite à des réseaux d’usurpation d’identité. Selon Ludovic Froget, responsable des relations publiques au sein de Microsoft îles de l’Océan indien et du Pacifique francophone : « Il y a toujours un lien entre le crime organisé et le piratage de logiciel. Les logiciels malicieux installés à votre insu permettent aux malfaiteurs de récupérer vos données. Dans le monde, ces criminels gagnent environ 6 milliards d’Ariary par jour aux dépens des utilisateurs. »

À Madagascar, les risques liés à l’utilisation de logiciels pirates sont encore peu connus. « Nous travaillons avec les Offices malgaches du droit d’auteur, de la propriété intellectuelle, et du cinéma, et avec la Brigade anti-piratage pour faire des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la prolifération de logiciels piratés et éduquer les consommateurs », affirme Carole Rakotondrainibe, mais le travail sera de longue haleine dans un pays qui baigne depuis toujours dans la culture du moramora (le pas cher). 

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