Masabao : L’appel du taroba
1 mars 2016 - Cultures Music MusiquesNo Comment   //   2395 Views   //   N°: 74

Masabao est un groupe qui ne tardera pas à se faire connaître grâce à son « taroba », un mélange de rythmes, d’instruments traditionnels et de voix. Le Grand Sud comme si vous étiez. 

Envie de Sud ? Masabao est originaire du district de Tsihombe, dans l’Androy, là où le soleil est brûlant et la terre aride. Il s’est formé en 2008 dans le village de Bedohatse, qui signifie « grand mouvement ». Et le groupe a justement décidé de migrer vers la capitale pour se faire un nom. Les valeurs ancestrales sont au coeur de leur musique soutenue par un rythme typique du sud, le taroba.

À l’origine, cette danse est pratiquée durant les grands événements comme le sandratse (guérison) mais Masabao a voulu en exploiter uniquement les dimensions vocale et instrumentale. Le taroba devient ainsi un mélange de plusieurs instruments comme la mandolina, le lokanga (violon) et les maracas de Roseline Anjarasoa, la seule fille du groupe. Le tout est sublimé par les polyphonies traditionnelles telles que le bekobey tsikodola, le tohagne ou le tehake. « Pour promouvoir notre musique, nous sommes obligés de rajouter des sonorités modernes », précise Manambilo dit Masabao, le leader du groupe. La basse et la batterie complètent l’ensemble. Les grosses caisses sont parfois remplacées par le langoro (tambour). Le tout mené d’une main de maître par Lovaniaina Rakotoarisoa et Sonina Barthélémy. Sur scène, à deux ou à cinq, l’habit traditionnel est de rigueur.

Mais derrière ce voyage musical se cache un appel au secours. Les textes abordent des sujets graves comme la sécheresse et la famine (kere) qui affectent le Sud depuis trop longtemps. « Nous souffrons depuis des années. La musique est un moyen de faire réagir les autorités pour qu’elles viennent voir réellement ce qui se passe et cessent de se contenter d’envoyer des aides de temps en temps », lance Masabao.

La formation se fraye son chemin et mûrit doucement, comme le masabao, le fruit du raketa (cactus), dont raffole Manambilo depuis son plus jeune âge, lorsqu’il était berger. « Masabao vient de deux mots, masaka (mûr) et vao (nouveau), et signifie donc le début de la maturité. C’est le surnom que ma famille m’a donné. Dans la croyance antandroy, le raketa permet aussi de détourner le mauvais sort, surtout pour ceux qui ne peuvent pas rendre visite à leur famille régulièrement. Nous ne sommes pas retournés chez nous depuis trois ans mais j’espère que la chance sera là », confie-t-il. En tout cas, la chance de les retrouver sur scène, vous l’aurez le 19 mars au CGM (Cercle germanomalgache) à Analakely. 

Masabao : 034 18 424 99

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