Marià Andria : La mode responsable
17 novembre 2015 - La mode StylisteNo Comment   //   2763 Views   //   N°: 70

À contre-courant de l’élitisme mondain, Marià Andria reste convaincue que la mode est d’abord affaire de coeur et de solidarité. Pour son événement « Vente privées des créateurs », elle s’engage à reverser la moitié de ses bénéfices à l’association Akan’ny Fitahina qui s’occupe des enfants des rues.

Qui a dit que la mode était réservées aux riches rombières désoeuvrées et aux caniches urbains plus ou moins neurasthéniques ? Pour Marià Andria, c’est tout au contraire l’affaire de tous. « Je défends une mode sociale et responsable », affirme-t-elle. Et elle le prouve ! En septembre dernier, elle a lancé sa première Vente privée des créateurs, un événement appelé à devenir mensuel, dont la moitié des bénéfices est reversée à l’association Akan’ny Fitahina qui s’occupe des enfants de rues et des orphelins. Un événement qui entend mobiliser d’autres créateurs solidaires, telle Diana Ratokomavo, une décoratrice d’intérieur qui chapeaute les marques Dia Déco et Jejokely.

Elle-même est issue d’une famille modeste et commence la couture à 15 ans, plus par nécessité qu’autre chose. « Pour suivre la tendance, je devais réaliser mes vêtements moi-même. » Heureusement, elle est à bonne école car sa mère et sa grand-mère sont des petites mains d’une redoutable habileté. Faute d’argent, elles sont capables de changer le moindre chiffon en ensemble tout ce qu’il y a de plus seyant. De fil en aiguille, elle en arrive assez rapidement à habiller les autres, sans jamais oublier d’où elle vient. Et le résultat, depuis février dernier, c’est la création de l’Atelier situé à Ampandrana : « Un vrai lieu de créations et d’échanges, car trop souvent les stylistes sont réticents à montrer leurs oeuvres de peur d’être copiés… »

Face à la fringue chinoise qui inonde le marché par conteneurs entiers, elle entend aussi mettre en valeur le savoir-faire local et redonner ses lettres de noblesse au vita malagasy. Détail qui en dit long sur son personnage, Marià Andria réalise ses collections de A à Z – des croquis à la couture – et porte elle-même ses vêtements pour les présenter. La récupe est un autre de ses dadas, en tout cas comme moyen de proposer une mode accessible à tous. « Je redonne vie à ces matériaux qui sont destinés à la poubelle ou aux vieux vêtements qu’on laisse moisir dans les armoires. Il m’arrive de détourner complètement un vêtement, par exemple une jupe peut devenir un t-shirt ! » Cuir, crochet, mélange de jean et de wax… son inspiration dépend en fait de ce que l’on trouve sur les marchés.

Marià Andria en est à travailler sur sa cinquième collection, mais cette fois sans recours au recyclage. « Ce sont mes clientes qui me l’ont demandé, il faut les satisfaire et ainsi prouver que je suis sur tous les fronts. » Cette prochaine collection prévue pour ce mois de novembre se basera sur la réversibilité avec des vêtements double face, portables d’un côté comme de l’autre. « Ce sont deux tissus différents que je superpose mais au final, ça donne une seule robe. Je reste dans cette vision de la mode pratique, utile et accessible. » Le dernier chic à Tana ?

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