Malaso Madagascar : Il était une fois dans le Sud
7 septembre 2015 - CulturesNo Comment   //   3980 Views   //   N°: 68

Comme le remake malgache d’un western à la Sergio Leone, « Malaso Madagascar » se passe dans le Sud et met en scène un village terrorisé par une bande de « dahalo ». Toute ressemblance avec des situations existantes ou ayant existé n’est donc pas une pure coïncidence. 

Non ce n’est pas Il était une fois dans l’Ouest, mais presque ! Un film qui aura mis huit ans pour accoucher, et franchement cela en valait la peine. Malaso Madagascar, premier long métrage de Madagascar Island Picture, est l’un des rares films à avoir été projetés chez nous en avant-première. Et dans un cadre luxueux qui n’est autre – accrochez-vous – que le cinq-étoiles Carlton d’Anosy… rien à avoir avec le Sud aride ! Tout le monde est cependant d’accord pour donner à cette production malgache toute la place qu’elle mérite sur la scène nationale. Son producteur René Fulgence, un jeune professeur d’anglais, qui a aussi le premier rôle dans le film,

a mis toute son énergie et presque tout son argent dans ce projet. « Plus de 120 millions d’ariary ont été investis, depuis les matériels de production jusqu’à la finalisation des DVD. Nous avons voulu que tout soit irréprochable. Les cinéphiles malgaches méritent bien cela », confie-t-il.

Pitch à la Règlement de comptes à OK Corral. Paul, l’aîné d’une famille du Sud, l’un des rares enfants du village d’Ambazy à avoir obtenu son Baccalauréat, intègre l’école militaire et suscite par là-même la jalousie au sein de la communauté. Des envieux commanditent une bande de dahalo pour qu’ils volent les zébus des parents de Paul. Ce dernier est alors contraint de revenir au village pour protéger les siens… Dès les premières secondes on est captivé par ce film qui permet de comprendre – bien mieux que tout ce qui a été fait jusqu’ici – ce phénomène culturel et social des dahalo, devenu au fil du temps un fléau national. Car ici, ça sent vraiment le vécu. Et pour cause ! « J’ai grandi à Ilakaka et j’ai subi par trois fois des attaques de dahalo. J’en ai encore le ventre serré à cause de la peur que cela engendrait. C’est cette ambiance réelle de tout un village terrorisé par ces bandits que j’ai voulu faire passer dans mon film », explique René Fulgence.

La cinquantaine de figurants qu’on voit dans le film sont d’une grande vérité, et pour cause là encore, ce sont d’authentiques villageois. « Pour conserver leur fraîcheur, je ne leur ai pas fait lire le script. Ils étaient briefés au fur et à mesure qu’on tournait. Je ne leur ai pas demandé non plus de retenir ni de répéter exactement leur texte qui est d’ailleurs écrit en dialecte bara. » Le casting s’est déroulé dans cinq fokontany environnant le lieu de tournage. S’agissant d’authentiques paysans, les figurants « jouaient » l’après-midi, après avoir travaillé le matin aux champs. « Ils étaient rétribués 20 000 ariary par jour, ce qui n’est pas mal sur un mois de tournage. Et plus 5 000 ariary s’ils étaient tués dans le film, car ils sont très superstitieux. »

La violence est bien présente, en accord avec le sujet, mais aucune blessure n’est réelle. Seules les 20 kalachnikovs utilisées dans film le sont. Pour autant, aucun vrai coup de feu n’a été tiré. « Les sons et les effets ont été ajoutés au montage. Un montage qui a duré quatre mois, car on avait à coeur de présenter un travail vraiment abouti. » Mission accomplie : Malaso Madagascar restera dans les annales du jeune cinéma malgache et fera sans doute son chemin sur l’international. Une suite 2 et 3 est d’ailleurs en gestation.
 

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