Mahyen Lesy : L’humour est dans le pré
13 décembre 2025 // Influenceur du mois // 75 vues // Nc : 191

Avec ses personnages taillés dans la terre rouge du Vakinankaratra, Mahyen Lesy III offre à ses abonnés un humour qui ne se prend pas au sérieux mais qui, curieusement, dit vrai. Une maison à Antsirabe, quelques imperfections volontaires, et soudain, la campagne renaît sous nos yeux.

©photo : Mahyen Lesy III
©photo : Mahyen Lesy III

Il suffit de faire défiler sa page Facebook pour sentir une bouffée d’air du Vakinankaratra — ce vent un peu froid, un peu sucré, qui porte l’odeur de la terre retournée et du lait chaud. Depuis un an, Mahyen Lesy III s’est donné pour mission — volontaire ou pas, le débat reste ouvert — de rappeler au monde que la campagne n’a rien de ringard. Elle a même un humour. Un humour solide, enraciné, qui ne s’excuse pas.

Ce qui frappe, avant même la première chute, c’est la simplicité. Les scènes sont tournées chez lui, à Antsirabe, dans cette maison où l’on devine presque la bouilloire qui chante au fond. Alors que d’autres créateurs dégainent caméras hors de prix, micros invisibles et lumières qui donnent l’impression de tourner un clip, Mahyen arrive avec… presque rien. Une équipe minuscule, des images qui tremblent un peu, des blancs, des imperfections. « Justement », glisse-t-il. Ces défauts font le charme : le côté « paysan », artisanal, assumé jusqu’au bout des rizières.

Et le public adore. Parce qu’il ne joue pas la campagne : il l’habite. Au propre comme au figuré. Le dialecte du Vakinankaratra, les expressions qu’on n’entend plus trop en ville, ces intonations qui rappellent les zébus rentrant du champ… Tout y est. « Plus Vakinankaratra que lui, t’es mort », rigolent ses fans. Robe de grand-mère, fichu sur la tête, il devient « mama », la mère de Mahenina — l’autre personnage qu’il incarne. Deux rôles, une même sincérité. Avant cela, il imitait Christophe Rabearimanana ou Vanintsoa, revisitant leurs voix dans des situations improbables. C’est ainsi qu’il s’est fait connaître. Aujourd’hui, il pousse plus loin. « Si quelqu’un d’ailleurs le faisait, ce serait choquant. Mais moi, je suis d’ici. Donc si je me moque… je me moque de moi-même », explique-t-il avec ce sourire qu’on devine très bien, même hors caméra.

Aucun sujet n’est tabou, tant que la dignité des gens est intacte. « On peut rire de tout, du moment qu’on ne médit personne », chuchote-t-il. Dans un épisode devenu culte, il imagine l’Annonciation… version Vakinankaratra. L’archange Gabriel qui parle comme un marchand du marché d’Asabotsy, comment ne pas rire ? Pour l’instant, deux personnages phares seulement. Mais « d’autres arrivent », promet-il. 2026 pourrait bien voir éclore une petite troupe. On ne demande qu’à suivre.

Solofo Ranaivo

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Décembre arrive et, comme chaque année, Madagascar se réveille culturellement.
Soudainement, les salles de spectacle se remplissent, les artistes sortent du bois, les concerts s’enchaînent. C’est la saison des festivités de Noël mêlant sacré et profane, et des expositions de dernière minute. Bref, tout le monde s’active comme si l’année culturelle se jouait en un seul mois. Et franchement, il y a de quoi se poser des questions. On ne va pas se mentir : les artistes malgaches ne sont pas là uniquement pour nous divertir entre deux repas de fête. Ils bossent, ils créent, et à leur niveau, ils font tourner l’économie. Le secteur culturel et créatif représentait environ dix pour cent du PIB national et ferait vivre plus de deux millions de personnes. Pas mal pour un domaine qu’on considère encore trop souvent comme un simple passe-temps sympathique, non ?
Alors oui, ce bouillonnement de décembre fait plaisir. On apprécie ces moments où la création explose, où les talents se révèlent, où la culture devient enfin visible. Mais justement, pourquoi faut-il attendre décembre pour que cela se produise ? Pourquoi cette concentration frénétique sur quelques semaines, alors que les artistes travaillent toute l’année ? Des mouvements sont actuellement en gestation pour revendiquer leur statut d’acteurs économiques essentiels et pour que l’on accorde à nos créateurs une place réelle dans la machine économique du pays. La culture malgache vaut bien mieux qu’un feu d’artifice annuel. Elle mérite qu’on lui accorde l’attention qu’elle réclame douze mois sur douze.

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