Lettres de Lémurie
11 août 2015 - CulturesNo Comment   //   2298 Views   //   N°: 67

Washington Irving (1783-1859),
Kidd le pirate,
Recueil de nouvelles tirées de Tales of a Traveller (1824), Editions Bibliothèque malgache, 2015, 173 p.

Le capitaine William Kidd, d’origine écossaise, est l’un des nombreux pirates sillonnant l’océan Indien au XVIIe siècle. Comme un Olivier Levasseur dit « La Buse » ou un Christopher Condent, il utilisait comme base arrière l’île Sainte-Marie, à Madagascar, qui était facile à défendre et proche de la route du commerce maritime entre l’Europe et l’Asie. 

Après une mutinerie, en 1698, William Kidd décide de rentrer aux États-Unis, non sans avoir auparavant brûlé son navire, 

l’Adventure-Galley, dans une baie de l’île Sainte-Marie. Arrivé en Amérique, il est renvoyé dans la capitale métropolitaine, à Londres, où il est jugé pour meurtre, condamné et pendu en 1701. 

En mai de notre année 2015, l’explorateur américain Barry Clifford faisait sensation en remontant des eaux de l’île Sainte-Marie un lingot prétendument d’argent de 45 kg qu’il offrait illico au président malgache. L’explorateur assure alors l’avoir sorti d’une épave. Et pas de n’importe laquelle : l’Adventure-Galley, le bateau du capitaine Kidd, dont le légendaire trésor serait caché quelque part…

Une farce immortalisée par les caméras, en particulier celles d’October Films, une société de production britannique qui tourne pour History Channel une série documentaire sur l’histoire des pirates, avec Barry Clifford dans le rôle de faux chasseur de trésor.

En effet, d’après une expertise réalisée fin juin par l’Unesco, tout serait faux. Le lingot d’argent ? Du plomb à 95 %. L’épave de l’Adventure-Galley ? Un bout de l’ancien port de l’île Sainte-Marie.

C’est la deuxième fois que des doutes sont émis sur une découverte de Barry Clifford. L’an dernier, l’explorateur avait annoncé avoir trouvé la célèbre Santa Maria de Christophe Colomb au large d’Haïti, ce qu’une mission de l’Unesco a également démenti. L’épave correspondait à un navire bien plus récent, datant du XVIIIe siècle.

Heureusement que, comme le dit Ulrike Guérin, secrétaire de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique de l’Unesco, ratifiée par Madagascar le 19 janvier 2015, le conseil scientifique de la convention, des archéologues reconnus, vérifie ce que les chasseurs de trésors racontent.

« Il faut être fripon pour attraper les filous », disait déjà l’écrivain Washington Irving quand il commentait l’embauche de William Kidd par le gouverneur de la Colonie de Boston, Lord Bellamont, pour une mission de nettoyage des mers où le commerce était rendu difficile par la présence des… pirates.

Il n’empêche que c’est l’occasion de redécouvrir les nouvelles de Washington Irving, lequel nous rappelle que déjà « à cette époque, le nom de Kidd était comme un talisman, et il s’associait à mille histoires merveilleuses. »

Trois récits sont publiés dans ce recueil de Bibliothèque malgache : Kidd le pirate, Le diable et Tom Walker, et enfin, Wolfert Webber, ou Les songes dorés.

L’auteur nous rappelle opportunément deux choses essentielles : Un, que rien dans ce monde n’est plus difficile à trouver, et rien n’est plus précieux que la vérité.

Deux, qu’à chaque fois que la fièvre de la chasse au trésor monte à un degré très alarmant, et que chacun rêve de fortunes immenses venues de rien, cette fièvre finit par se dissiper ; les rêves s’évanouissent, et avec eux les fortunes imaginaires. Les malades restent dans un état de langueur, et tout le pays retentit du cri : les temps sont bien durs !
Lémurifiquement vôtre,

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