Les origines floues du malabary
8 août 2016 - TraditionsNo Comment   //   8705 Views   //   N°: 79

Lorsqu’on parle de tenue traditionnelle des hauts plateaux, on pense au « malabary », cette longue chemise de coton ou de soie que les « mpikabary », les musiciens traditionnels, et les garçons fraîchement circoncis portent avec fierté. Ses origines sont pourtant imprécises…

D’où vient le malabary ? Pour Helihanta Rajaonarison, chargée de cours au département d’histoire de l’Université d’Antananrivo : « L’arrivée des missionnaires au XIXe siècle a marqué l’apogée du commerce textile à Madagascar. Ils amenaient avec eux des vêtements européens et la haute société tananarivienne, sous le règne de Radama Ier (1793 – 1828), s’est ruée sur ces habits pour montrer qu’elle était moderne. » Comble de l’ironie, c’étaient souvent des vêtements reprisés, déjà utilisés et surtout passés de mode ! « Les Européens qui venaient à Madagascar se moquaient de ces gens-là tellement c’était démodé ! », souligne l’historienne. Cela a pourtant permis à quelques métiers de voir le jour : couturiers, blanchisseurs et autres ont commencé à se faire leur place.

Cela étant et au-delà de l’histoire « coloniale », le vêtement a toujours signé à Madagascar l’appartenance à une caste.

Le lamba était l’attirail du riche et presque son privilège. On se souvient de ces photos anciennes montrant de grands rassemblements avec des hommes drapés de blanc ; on disait alors que le Mpanjaka (le roi ou la reine) faisait le mamoryfotsy (littéralement, rassembler aux Blancs).

Les esclaves, quant à eux, n’avaient pas le droit d’avoir des biens propres, donc pas de vêtements qui leur appartiendraient en propre. Mais les missionnaires, soucieux que leurs « pauvres » soient vêtus à la sortie de la grand’messe, demandaient aux maîtres de leur prêter des vêtements, même en mauvais état. Ces vêtements étaient appelés mavolamba (littéralement, tissu jaune), expression qui désigne aujourd’hui encore une personne mal fagotée.

Aucune documentation digne de ce nom ne permet de fixer l’origine du malabary qui remonterait la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Ce qui n’empêche que les mpikabary (orateurs) et nationalistes actuels revendiquent de porter cet habit haut et fort. Le malabary est bel et bien devenu un signe de distinction !

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