Lémurien nain de Grove : Plus c’est petit, plus c’est mimi !
5 avril 2018 - NatureNo Comment   //   4338 Views   //   N°: 99

À peine découvert et déjà déclaré en voie de disparition. « Cheirogaleus grovesi » ou lémurien nain de Grove n’échappe pas à la menace qui pèse sur bien des espèces à Madagascar, pays à la l’exceptionnelle biodiversité rongée de jour en jour par la déforestation et le braconnage.

Qui aurait envie de le voir disparaître alors qu’il a mis autant de temps à se faire connaître des hommes ? Rien de plus inoffensif et de plus mignon en effet que ce primate de la taille d’un écureuil, découvert dans le sud-est de l’île par une équipe de chercheurs de l’Institut polytechnique de l’État de New York, du zoo et aquarium Henry Doorly d’Omaha, de la GlobalWildlife Conservation et du Madagascar Biodiversity Partnership. Son nom de lémurien de Grove lui a été donné en hommage au primatologue anglo-australien Colin Groves, décédé en 2017, qui a identifié et classé au cours de sa carrière pas moins de 50 espèces de mammifères.
Ce primate arboricole de 17 cm, aux drôles d’oreilles d’ours, se nourrit essentiellement de fruits et trouve refuge dans le creux des arbres où il se reproduit. Sa longue queue de 27,7 cm, presque le double de son corps, lui sert en fait à stocker de la graisse pour survivre durant l’hiver dans la canopée de la forêt tropicale. Pour s’assurer que le nouveau venu constitue bien une espèce à part entière au sein de la famille des lémurs nains Cheirogaleus (une vingtaine d’espèces connues), les chercheurs ont capturé quatre individus dans les parcs nationaux de Ranomafana et de l’Andringitra et réalisé des prélèvements d’ADN pour comparer leur génome à celui d’autres espèces du groupe Cheirogaleus crosseleyi. La parenté est certaine.

Pour Russell Mittermeier de Global Wildlife Conservation, la découverte de cette nouvelle espèce est « révélatrice du peu que nous savons de la biodiversité en général et même de nos plus proches parents vivants, les primates ». Les chercheurs sont en tout cas convaincus que l’identification du lémurien nain de Grove est le début d’une longue liste, car de nombreux spécimens ont été découverts à Madagascar mais n’ont pas encore été classifiés. Les études menées sur ces primates permettent aussi de déterminer la façon dont ils doivent être protégés sur cette peau de chagrin qu’est devenue la forêt malgache. Sur les 113 espèces et sous-espèces de lémuriens endémiques que compte la Grande Île, près de 90 % sont en voie de disparition : 24 espèces sont en danger critique, 49 en danger et 20 sont vulnérables. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) rappelle que ce groupe de mammifères est aujourd’hui le plus menacé au monde.

 Photo : Edward Louis Jr.

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