Le trésor du Capitaine Kidd
1 juin 2015 - TraditionsNo Comment   //   3079 Views   //   N°: 65

Le 7 mai dernier, une équipe d’archéologues américains remontait de la baie des Pirates, à Sainte-Marie, un lingot d’argent de 45 kg. Tout indique qu’il s’agit là d’une partie du trésor du célèbre pirate britannique William Kidd, enfoui depuis trois siècles au large de Madagascar… 

Le trésor du Capitaine Kidd gît-il depuis le XVIIe siècle au large de l’île Sainte-Marie (Nosy Boraha), au nord-est de Madagascar ? C’est ce que tend à établir la découverte, le 7 mai dernier, d’un lingot d’argent de 45 kg remonté d’une épave dans la bien nommée Baie des Pirates. Pour l’archéologue américain Barry Clifford, à l’initiative de cette découverte, tout indique qu’il s’agit bien de l’Adventure Galley, le vaisseau sur lequel le célèbre corsaire a semé la terreur sur tous les océans, amassant entre 1696 et 1698 une fortune considérable en or, bijoux et soie. « Après 15 ans de recherches et d’expéditions à Madagascar, j’ai toutes les preuves que ce lingot appartient bien au trésor du Capitaine Kidd », exulte Barry Clifford. L’homme n’est certes pas le premier venu. Archéologue chevronné des fonds marin depuis plus de 40 ans, on lui doit, entre autres, la découverte en 2014, au large des côtes haïtiennes, de ce qu’il estime être l’épave de la Santa Maria, le navire à bord duquel Christophe Colomb a découvert l’Amérique en 1492.

En 2001, il trouvait les restes de l’épave d’un navire attaqué au XVIIe siècle par le Capitaine Kidd, ce qui devait le mettre sur la piste du célèbre pirate écossais, et incidemment le mener à Sainte-Marie. Pourquoi cette île du bout du monde ? Pour la bonne et simple raison que William Kidd y accoste en avril 1698 sur l’Adventure Galley. Une escale des plus agitées puisqu’il se heurte à une mutinerie et doit brûler son navire qui disparaît au fond des eaux avec ses 36 canons et… son fabuleux trésor. Regagnant les Amériques, Kidd est intercepté à New York par les Anglais et finit pendu à Londres en 1701. Son corps, dit la chronique, sera ensuite attaché à un poteau au bord de la Tamise, enduit de goudron, encerclé d’anneaux en fer et suspendu au-dessus du fleuve en guise d’avertissement pour les futurs pirates…

Il a fallu à l’équipe d’archéologues dirigée par Barry Clifford dix semaines de fouille avant de mettre la main sur cette trouvaille. Pour Barry Clifford, c’est sans aucun doute l’une des plus belles « prises » de sa carrière de chercheur d’épaves. « Nous avons découvert treize navires dans la Baie des pirates et nous avons travaillé sur deux d’entre eux durant dix semaines, le Fire Dragon et l’Adventure Galley. Pour ce dernier, j’ai commencé par la partie la plus enfouie et suis entré dans une cave très étroite. La visibilité était mauvaise. Je tâtonnais, quand soudain j’ai saisi quelque chose de lourd et de curieusement lisse. J’ai cru m’évanouir quand j’ai compris que c’était du métal », raconte-il alors que le bloc d’argent vient tout juste d’être remonté des eaux, avant d’être remis au président Hery Rajaonarimampianina, venu assister à l’événement.

Les opérations de recherche ont été entièrement filmées par une équipe de tournage britannique pour la chaîne de télévision History. Mais cette découverte ne suscite pas l’enthousiasme de tout le monde. L’UNESCO (Organisation des Nations unies pour la science et la culture) en particulier s’inquiète des conditions de la recherche. « Au fond, c’est une équipe de tournage qui intervient directement sur un site archéologique. Ce ne devrait pas être autorisé. Il ne sert à rien de découvrir le trésor, si c’est pour détruire tout le site archéologique autour », s’inquiète Ulrike Guéri, une experte en archéologie sous-marine à l’Organisation des Nations unies.

« Tout simplement le plus gros butin de pirate jamais retrouvé », fait valoir John Bry un des membres de l’équipe, interviewé sur place. « J’ai examiné le lingot et j’ai contacté des collègue à Londres qui m’ont confirmé qu’il s’agit bien d’une partie du trésor volé par le Capitaine Kidd aux Espagnols. Selon des signes distinctifs présents sur le lingot, il serait similaire à des lingots que l’on suppose faire partie du butin de Kidd. Toutefois, seul un travail de laboratoire pourra confirmer s’il s’agit bien de l’Adventure Galley. Mais là aussi nous disposons de bons indices : le navire de Kidd était en chêne, tout comme l’épave que nous avons retrouvée, et il est à noter c’est le seul bateau ayant échoué dans cette baie qui soit fait de cette essence d’arbre », commente l’archéologue marin. Les eaux de Sainte-Marie n’ont pas encore livré tous leurs secrets. 

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