Le petit travelo d’Andavadaoka (suite et fin)
22 août 2018 - GaysyNo Comment   //   1256 Views   //   N°: 103

Relax porte bien son nom. Un bar pour prendre un pot à Morombe. Son emplacement au bord de la plage, les pieds dans l’eau, constitue un des atouts de cette adresse. Vers la fin de l’après-midi, sa clientèle augmente considérablement. Elle est composée majoritairement par des pêcheurs Vezo qui viennent dépenser leur petite fortune acquise dans la journée. C’est une sorte de tradition dans cette région de la Grande Ile où la mer est nourricière. Les rhums et vins artisanaux se consomment sans modération. Les Vezo sont de vrais buveurs. Le climat tropical sec force la population à se vêtir léger. Les hommes sont tous torse nu et les femmes en paréo. A force de ramer et de nager quotidiennement, les pêcheurs affichent une bonne musculature, surtout la partie supérieure de leur corps. Le tsapiky et le kininike, genres de musique de cette région, rythment l’ambiance. Le coucher du soleil met en feu le ciel comme pour se rappeler que Relax est bien l’endroit où il faut être.

Je suis là en compagnie de Tsiry pour ma dernière soirée ici. Durant ces six semaines passées à découvrir Morombe et ses alentours de long en large, j’ai toujours voulu lui avouer ma personnalité. Mais à chaque fois, je remettais ma décision au lendemain par peur de ses réactions. Cette fois-ci, je me sens décidé à le faire, en guise de remerciements par rapport à tout ce qu’il a fait pour moi jusque-là.

« Tu te rappelles du petit travelo d’Andavadoaka ? Je suis à peu près comme lui. Je veux dire, j’aime les hommes. Garde ça pour toi », lui lancé-je sans détour. L’annonce lui fait avaler de travers sa boisson dont une partie s’éjecte de sa bouche. Je commence à trembler.

« Ne me dis pas que tu couches avec des mecs ? J’étais à deux doigts de me faire violer par un pédé alors, depuis tout ce temps où on a partagé la même chambre et le même lit. Je me suis mis à poil devant toi parce que je t’ai pris pour un mec normal. Tu me fous la trouille, là ! Et est-ce que tu n’es pas en train de me draguer maintenant ? Il ne manquait plus que ça.

- Ce n’est pas parce que je suis homo que je vais coucher avec tout ce qui bouge. Tu m’as plu au départ. Tu es beau et séduisant. Mais notre relation a gagné en profondeur amicale et je veux t’avoir comme meilleur ami au final. Et je te dois cette vérité-là parce que je te considère comme tel », lui répliqué-je.

La discussion s’est tendue. Une chose est sûre, Tsiry a du mal à m’imaginer gay. On s’est quitté presque en se chamaillant, chacun de son côté.

Toute la nuit, j’ai regretté de lui avoir dit qui je suis vraiment. Mais je ne peux plus faire machine arrière. A l’aéroport, en attendant mon embarquement, je le vois venir dans ma direction. Rien que de voir son état, il est facile d’imaginer que sa nuit a été bien arrosée, que mon aveu l’a heurté profondément.

« Ecoute, je m’excuse pour mon comportement d’hier. Avec un petit recul, j’arrive à comprendre que tu n’as pas d’arrière-pensée à mon sujet. Et maintenant, comment dois-je te traiter ? Comme un ami ou comme un pédé ? », ironise-t-il avant de m’accorder une chaude accolade.

« Tu sais, même les gens vivant dans un coin perdu comme Andavadoaka se comportent correctement envers ce petit travelo. Et pourquoi devrais-je envenimer notre relation au motif que tu as une autre orientation sexuelle que la mienne. Tu me donneras des nouvelles sur ta vie amoureuse », conclut-il.

Tsiry et moi restons de bons amis. Il nous arrive même, à l’occasion, d’arranger un bon coup pour l’autre, lui étant accro aux belles filles et moi aux beaux gars. L’amitié quoi.

par #Von

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