Le Manana : Bà gasy, beko et coup de blues
4 février 2019 - CulturesNo Comment   //   1410 Views   //   N°: 109

Pour les rasta men, le reggae est la musique de l’âme. Pour Le Manana, c’est sans conteste le « beko korapaky ». Un nouveau vent musical que Le Manana veut apporter à la nouvelle musique malgache. Le public de la cité d’Ampefiloha lui a tendu l’oreille lors de sa prestation avec Miary Lepiera en début de mois.

Le Manana, de son nom d’état civil Andriamasimanana, fait partie de cette génération d’artistes passionnés de recherche. Il est allé jusqu’à faire rencontrer le bà gasy des Hauts plateaux et le beko du Sud. Sa musique laisse à entendre des sonorités résolument contemporaines travaillées sur sa guitare électroacoustique. Son premier album Vakoka (Patrimoine) composé de sept titres est sorti en octobre dernier. Il a baptisé son genre : beko korapaky. « Le beko du Sud est un genre qui me touche au plus profond de mon être. Le korapaky est une technique de jeu de guitare inspirée du marovany (cithare). »

Originaire de Manjakandriana, Le Manana a toujours été curieux envers les autres genres musicaux malgaches. Sa passion pour le beko remonte à sa troisième année d’étude en filière malgache à l’Université. Il a fait son terrain de recherche à Jilon’Arivo, dans le Sud-ouest. Le Manana y est allé pour étudier les modes de vie de la population. En parallèle, il y a découvert la beauté et la puissance de la musique du Sud. « Ils n’ont peutêtre pas franchi le seuil d’une école ou alors appris un solfège mais ils ont l’oreille musicale et leur musique est très riche. » En passant du temps dans ce village, Le Manana a petit à petit, joué le beko sur sa guitare. Il y a apporté une touche de bà gasy. Et ça a marché ! « Pour tester ma découverte, j’ai assisté à une cérémonie de transe. J’ai joué ma musique et à ma grande surprise ça a mis la personne en transe. Là, j’ai su que ma musique pouvait atteindre l’âme. » D’ailleurs, il est un fan de musique spirituelle comme celle du groupe africain Urban Zulu.

Le Manana a fait partie du groupe Maroloko en 2010 mais il a tracé son propre chemin musical en 2016. Depuis ses 15 ans, il a toujours aimé écrire des poèmes. Il couche sur papier ses coups de blues. A travers sa chanson Antso (Appel), il fait un appel au secours pour les victimes de la sècheresse dans le Sud. « Lors de mon séjour là-bas, j’ai vu de mes propres yeux que les gens buvaient de l’eau boueuse. Ils sont tellement faibles qu’ils n’arrivent plus à travailler. » Le Manana aborde aussi la relation entre les parents et leurs enfants. Sa chanson Mama (Maman) parle d’une réalité souvent vécue par les enfants des quartiers populaires. « Les femmes pauvres laissent leurs enfants chez quelqu’un d’autre et elles vont aller passer la journée à trinquer avec leurs amis. C’est triste mais c’est la réalité. » Le Manana a chanté ses textes devant le public du Cercle germano-malgache (octobre) et de l’Université d’Antananarivo (décembre).

Toujours pour aller loin dans ses recherches, il travaille aujourd’hui avec Miary Lepiera. Ensemble, ils projettent de faire un spectacle de musique et de conte. En attendant, ils ont déjà sorti un single Takariva (En soirée) en 2017. Les deux complices se sont produits à la Cité d’Ampefiloha en début février. Deux guitares et deux voix en parfaite symbiose !

Contact
Le Manana : 032 71 717 07

COMMENTAIRES
Identifiez-vous ou inscrivez-vous pour commenter.
[userpro template=login]