Le labyrinthe secret de Namoroka : Bienvenue en terre inconnue
6 décembre 2018 - NatureNo Comment   //   3924 Views   //   N°: 107

Octobre 2016, sous l’égide du Muséum d’histoire naturelle de Paris, une expédition scientifique pluridisciplinaire sans précèdent s’enfonce dans le parc national des Tsingy du Namoroka. Une expédition qui a permis de réaliser un documentaire intitulé « Le labyrinthe secret de Namoroka ».

Marc Gansuana,
naturaliste et organisateur de l’expédition.

Le labyrinthe secret de Namoroka a reçu le prix du Meilleur film d’exploration scientifique au Festival Lumexplore de La Ciotat, en France, en septembre dernier. Il est actuellement en compétition dans plusieurs festivals européens. Situé dans la province de Mahajanga au nord-ouest de Madagascar, ce massif est considéré comme l’une des dernières taches blanches de la planète. Cette « terra incognita », massif formé par d’énormes arêtes de calcaire très tranchantes s’étend sur une superficie de 220 km² et recèle une biodiversité exceptionnelle qui n’a quasiment jamais été étudiée et encore moins répertoriée auparavant.

Stenophis citrinus,
jamais observé dans le Tsingy de Namoroka.

Très difficile d’accès, ces « tsingy » (mot malgache signifiant « là où on ne peut pas marcher pieds nus »), sont parcourus de très nombreux canyons forestiers et grottes enclavées qui sont autant de milieux écologiques isolés du reste du monde, berceau d’un endémisme incroyable.

L’organisation de la mission a été confiée au naturaliste Marc Gansuana et un film documentaire de 90 minutes a été réalisé par Jean-Michel Corillion et Isabelle Coulon. Plus qu’un documentaire scientifique Le labyrinthe secret de Namoroka est avant tout le récit d’une belle aventure humaine. Pendant près de deux semaines, une équipe internationale de 22 chercheurs malgaches et étrangers s’est engouffrée dans cette terre inconnue, bravant les pièges et les difficultés que recèle cet environnement hostile.

De jour comme de nuit, ces chercheurs sont partis en quête des trésors cachés qu’offre le massif : insectes, plantes, batraciens, reptiles… A l’issue de la mission et de retour au laboratoire, il s’avère que plusieurs espèces inconnues ont été découvertes : insectes, papillons mais aussi,

et c’est beaucoup plus rare, un gecko nocturne et un arbre aux magnifiques fleurs couleur orange de plus de 10 mètres de haut.

Parmi les plus grandes découvertes, on notera celle de la botaniste Lucile Allorge qui, en quête d’une plante qui n’avait pas été observée depuis plus de cinquante ans, a fini par en retrouver un spécimen. Il s’agit de Taebernaemontana calcarea, connue pour ses vertus médicinales.

A peine mis au jour et répertorié, ce site montre une fragilité extrême, exposé aux feux de brousse et autres exploitations illégales de bois précieux. Espérons que ce témoignage porte loin les richesses de Madagascar et contribue à mieux faire connaître et protéger ce site exceptionnel.

© Photo : Jean-Michel Corillion
© Photo : Marc Gansuana 

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