La Saint-Valentin des cadeaux inutiles Par Mamy Nohatrarivo
3 février 2013 - FombaNo Comment   //   990 Views   //   N°: 37

On peut vivre d’amour et d’eau fraîche, saint Valentin pourvoira au reste. Bonne Saint-Valentin ! À tous les amoureux, à tous les couples, à tout le monde en somme. Même ceux qui haïssent le genre humain doivent leur particularité à un amour déçu.

À un moment ou un autre de leur existence, les misanthropes ont été des amoureux transis. Entre l’amour et la haine, c’est entre la coupe et les lèvres, un espace infinitésimal. C’est bonnet blanc et blanc bonnet. On le sait, les scènes de dispute finissent toujours par des scènes d’une torride réconciliation.
Depuis quelque temps, la jeunesse de nos villes a intégré la Saint- Valentin dans ses moeurs. Le 12 février commence à devenir une date repère, mais il lui reste encore bien des années à courir ou des chemins à parcourir pour atteindre les dimensions de la Saint- Sylvestre ou de la Saint-Jésus, Noël en version courte.

C’est comme le Mardi gras, pour certains enfants de bonne famille, ou le Halloween, pour les férus d’Amérique. La fête annonçant le carême sert à créditer certaines écoles privées d’une bonne image de marque. C’est dire que l’imitation ou le désir de se cultiver une culture contribue beaucoup dans l’implantation d’un phénomène social.
La tradition de la Saint-Valentin aurait-elle pu naître en Corée du Nord, en Chine communiste ou dans les régimes de type stalinien purs et durs ? Difficile de l’imaginer. Quand l’amour devient une affaire d’État et que ce dernier va jusqu’à intervenir dans les lits conjugaux pour limiter le résultat des ébats à un enfant unique, la Saint-Valentin est un concept incongru.
Mais ailleurs, le commerce appuie le mouvement. La Saint- Valentin change agréablement des fêtes de fin d’année. Sympathique et pas chère, elle ne nécessite pas un gros carnet de chèques. Les cadeaux du jour sont à la portée de la principale clientèle, la jeunesse. En théorie, ils sont à la mesure d’une déclaration d’amour, pour laquelle il n’est besoin d’un timbre-poste. Elle pèse lourd mais, comme pour une femme volage, l’amour est gratuit quoique à la tête du client.
Le milliardaire offre une rivière de diamant, mais il sera toujours supplanté par le gigolo désargenté avec qui sa femme le trompe. La leçon est simple. Un petit poème, une carte gentillette, des fleurs, peu importe, suffisent pour une éternité de souvenirs.
La plus belle histoire à la Saint-Valentin ? Il était une fois une jeune couple qui n’était riche que d’amour. Le mari vendit sa montre de gousset, héritage de son vieux père et le seul objet de valeur de leur jeune foyer. Il alla acheter le fastueux peigne en écaille après lequel sa jeune femme soupirait. Elle avait une magnifique chevelure. Le jour J, ils s’effondrèrent tous les deux. Il n’y avait plus de chevelure. Elle l’avait coupée pour lui offrir une chaîne de montre. Ses yeux s’embrumèrent. Il n’avait plus de montre. Il ne restait plus que l’amour.
À la Saint-Valentin, les cadeaux sont inutiles. Rien ne vaudra jamais un baiser, quand on aime.

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