La quatrième vie de Rija
20 mars 2018 - Cousins-cousines DiasporaNo Comment   //   1885 Views   //   N°: 98

De Libreville à Tripoli, de Nouméa à Djibouti, l’intrépide Rija n’a pas toujours vu grandir ses enfants, contraint par ses nombreux déplacements. L’heure est venue de penser reconversion, de trouver de nouveaux terrains de jeux qui lui permettront de concilier sa vie de famille et sa soif d’évasion.

Rija Randria, alors enfant des hauts plateaux, parcourt les rizières pieds nus pendant des kilomètres, un cerf-volant à la main. Son territoire est immense vu de ses 6 ans et ses 110 centimètres, mais il n’en a jamais assez. L’exode rural le pousse, adolescent, en banlieue de Tana. Il trouve l’aventure et l’adrénaline dans les turbos sport, pratiquant des courses poursuites sauvages au volant d’engins dont la puissance dépasse largement la qualité des circuits improvisés.

Il apprend la mécanique, se lance dans le business des voitures importées, mais son terrain de jeu devient encore trop limité. Même le rugby dans les quartiers ne suffit plus à la canaliser. Quand il quitte Madagascar pour la France, ses qualités physiques et sa passion pour la mécanique l’amènent à intégrer durant 15 années la « grande famille » avec ses hauts gradés. De mission en mission, il découvre le Gabon, le Sénégal, la Côte d’Ivoire.

Loin des images de cartes postales, son pire cauchemar reste le désert entre le Niger, la Libye et le Tchad. Ses aventures l’amènent dans des territoires moins hostiles, à la découverte des « tribus de la Nouvelle Calédonie simples et accueillantes », ou encore à se retrouver en train de nager au milieu des requins baleines au large de Djibouti.

Si ses rêves d’enfant sont accomplis, il a parfois le regret de ne pas les avoir assez partagés avec les siens, passant six mois de l’année loin de ses chérubins. Les questions sont nombreuses et présentes, car Rija approche de la retraite alors qu’il n’est pas encore à la moitié de sa vie. Un nouveau départ pour se lancer dans la mécanique auto ? Un nouveau virage pour monter un garage social, afin de se rapprocher de l’orientation professionnelle de Madame ? Il reste maintenant trois années à Rija pour organiser et planifier cette quatrième vie, après les rizières, les quartiers, et surtout cette expérience du monde entier.

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