La danse du 26 juin aux rythmes de l’histoire
24 mai 2016 - FombaNo Comment   //   1680 Views   //   N°: 77

Le 26 juin, c’est la fête nationale, mais la commémoration de la déclaration de l’indépendance n’est que prétexte. Le 26 juin, tout comme la fête des morts sur le littoral est, ne sont fêtes que par les réminiscences d’un passé révolu. Tout au long de la côte Est, avec Toamasina comme point focal, la fête des morts rappelle la première génération des Coolies ou des Tonkinois amenés depuis la Chine pour la construction du chemin de fer Tana – côte Est. Ils ont apporté dans leurs maigres paquetages leurs coutumes dont la fête des morts. Une fête majeure jusqu’aux fins fonds du littoral, que les paysans célèbrent pendant au moins une dizaine de jours selon leurs moyens. 

Pour en revenir au 26 juin, les festivités ont été plaquées sur la fête du Bain, fête majeure du royaume de Madagascar. Le fandroana (le bain), lors duquel la souveraine asperge l’assistance avec l’eau purificatrice de son bain, lui a donné de la consistance et justifié une nouba politique. C’est le rôle de l’histoire et du culte de la… culture que de créer une nation et cela, c’est de la politique. Le fandroana n’a pas sa place dans le calendrier solaire grégorien. Les astrologues officiels en définissent la date par rapport à la lune, puis le palais royal se charge de l’annonce. Il n’y a donc jamais eu de jour dédié à une fête nationale. Il n’y a qu’à voir la guéguerre actuelle sur le jour de l’an malgache. On y a vu un peu plus clair avec la reine Ranavalona II qui décréta tout bonnement que sa date de naissance serait aussi la fête du Bain. Problème.

La fête du Bain devint donc aussi le jour de l’an. Le quatorze juillet des Français a mis bon ordre à tout ce méli-mélo. 64 ans de 14 juillet (1896-1960) ont simplifié les choses. Fête des vazaha mais rentrée (de force) dans les moeurs, elle est célébrée en version fandroana par le malgache lambda. Les lampions, c’est la version européenne des arendrina. La veille du fandroana, la population (les enfants surtout) se promène avec de la paille ou des touffes d’herbe enflammées au bout d’un bambou. Le feu est censé chasser les mauvais esprits. Les enfants qui se cuisent des ratatouilles en tous genres avec des marmites miniatures, rappellent que le fandroana est une fête qui signifie aussi ripaille de viande. Le poulet est remplacé par le boeuf gras de rigueur, abattu le jour dédié. Quelques Malgaches sacrifient encore aux visites rituelles pour offrir sinon l’arrière-train d’un bovidé sacramentel des temps anciens, du moins des morceaux de viande ou les croupions de volaille. La république saute dans un train en marche et se met dans la distribution de riz, de poulet, de pâtes, de bonbons etc. à ses fonctionnaires. Le 26 juin, c’est une fête de partage et aussi de réconciliation. La politique, de la com’ par essence, a compris que pour forger une nation, rien ne vaut des souvenirs communs. Bons, et surtout joyeux. Bonne et joyeuse fête du 26 juin à tous !

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